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quement pour entourer Paris d’une promenade bastionnée ; des fortifications désarmées ne sont que des murs et des fossés ; au lieu de repousser ou de contenir l’ennemi, elles lui offrent un moyen de s’établir fortement dans le pays.

Des fortifications sans artillerie c’est comme un militaire sans baïonnette, ni sabre, ni cartouches ; c’est encore un homme, mais ce n’est plus un soldat. Attendre une guerre de coalition, une menace d’invasion pour songer à l’armement de Paris, serait une dérision et un crime, car qui ne sait qu’un an ne suffirait pas, s’il fallait tout faire, si rien n’existait, si rien n’était préparé ? Mais il en est des forteresses à peu près comme des vaisseaux de ligne ; il y a l’état de guerre et l’état de paix, l’armement et la disponibilité. Il est sans doute fort inutile en pleine paix que le matériel soit placé comme si l’ennemi se rassemblait déjà au-delà du Rhin, et que les chances de la guerre pussent tout à coup lui ouvrir la route de Paris ; mais il serait trop étrange qu’une grande guerre venant par aventure à éclater, il n’y eût pas de matériel pour armer la capitale fortifiée ; il serait par trop étrange qu’on ne pût pas dans quatre ou cinq semaines, dans deux mois au plus, la mettre en état de défense. Ceux qui ont voté la loi de 1841 auraient-ils donc joué une comédie ? Nous sommes loin de le penser.


REVUE LITTÉRAIRE.
I.Notice sur M. Guy-Marie Deplace, suivie de sept lettres inédites du comte joseph de maistre, par M. F. Z. Collombet.
II. — Soirées de rothaval, ou réflexions sur les intempérances philosophiques du comte joseph de maistre.[1]

Dans l’article sur Joseph de Maistre, inséré le 1er  août dernier, il a été parlé d’un savant de Lyon, respectable et modeste, auquel l’illustre auteur du Pape avait accordé toute sa confiance sans l’avoir jamais vu, qu’il aimait à consulter sur ses ouvrages, et dont, bien souvent, il suivit docilement les avis. Cet homme de bien et de bon conseil, que nous ne nommions pas, venait précisément de mourir le 16 juillet dernier, et aujourd’hui, un écrivain lyonnais, bien connu par ses utiles et honorables travaux, M. Collombet, nous donne une biographie de M. Deplace, c’était le nom du correspondant de M. de Maistre. Les pièces qui y sont produites montrent surabondamment que nous n’avions rien exagéré, et elles ajoutent encore des traits précieux à l’intime connaissance que nous avons essayé de donner du célèbre écrivain.

Disons pourtant d’abord que M. Deplace, né à Roanne en 1772, était de ces hommes qui, pour n’avoir jamais voulu quitter le second ou même le troisième rang, n’en apportent que plus de dévouement et de services à la cause qu’ils ont embrassée. Celle de M. Deplace était la cause même, il faut le dire,

  1. Deux vol. in-8o, Lyon.