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La mortalité se mesure partout à la densité des agglomérations. Elle est annuellement en Angleterre, de 1 habitant sur 54 91/100 dans les districts, ruraux, et de 1 sur 38 16/100 dans les districts urbains. À Londres, on compte un décès, sur 37 38/100 habitans ; à Birmingham, 1 sur 36 79/100 ; à Leeds, 1 sur 36 73/100 ; à Sheffield, 1 sur 32 92/100 ; à Bristol, 1 sur 32 38/100 ; à Manchester, 1 sur 29 64/100 ; à Liverpool, 1 sur 28 75/100. La durée moyenne de la vie est de 26 ans et demi à Londres, de 21 ans à Leeds, de 20 ans à Manchester, et de 17 ans à Liverpool.

Le docteur Watt[1] a démontré que les mêmes faits avaient eu à Glasgow les mêmes conséquences. En 1831, la population de Glasgow était de 202,426 personnes, et la mortalité dans la ville n’excédait pas la proportion de 1 décès sur 41 47/100 habitans. En 1841, la population s’élevait à 282,134 personnes ; mais on comptait aussi 1 décès sur 30 41/100 habitans, proportion qui se rapproche plus que celle d’aucune autre ville de la mortalité de Manchester et de Liverpool.

Le docteur Duncan explique comment l’air de Liverpool, vicié par cette agglomération contre nature, devient une sorte de poison qui agit tantôt en engendrant des épidémies, tantôt en affaiblissant les constitutions et en les prédisposant ainsi à toutes les maladies. Les cas de fièvre, y compris le typhus, sont infiniment plus nombreux à Liverpool que dans le reste du royaume, et M. Duncan calcule que 1 habitant sur 55 y paie tribut. Il meurt annuellement à Liverpool 1,800 personnes de la fièvre, et la proportion des décès qui proviennent de cette cause au nombre total des décès, étant à Birmingham de 4 10/100 pour 100 et à Londres de 4 83/100 pour 100, est de 6 78/100 pour 100 à Liverpool. Même résultat pour les maladies de consomption. Le nombre des personnes qui sont emportées par ce mal terrible est, pour une période de trois ans, de 22,027 à Londres ou de 13 39/100 pour 100 du nombre des décès ; à Liverpool, il est de 4,120 ou de 18 31/100 p. 100 du nombre des décès.

Mais le fait le plus affligeant de cette funèbre énumération, c’est la mortalité qui se déclare parmi les enfans. 53 sur 100 meurent avant d’avoir atteint leur cinquième année, et ils meurent presque tous dans les convulsions, à ce point que les décès provenant de cette cause sont dans la proportion de 14 79/100 pour 100 au nombre total. Quelle barbare imprévoyance que de tolérer ces entassemens

  1. Glasgow mortality bill.