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LIVERPOOL.

police secrète. Ils s’applaudissent de n’y avoir jamais eu recours, et ils trouvent, dans l’empressement que mettent tous les citoyens à leur donner des indications et des renseignemens sur les délits ainsi que sur les auteurs des délits, une assistance qu’aucune brigade secrète n’aurait pu leur prêter.

La méthode de surveillance exercée chez nous laisse encore beaucoup à désirer. Notre police procède comme une armée en campagne ; elle établit des postes de loin en loin, et pousse par moment des reconnaissances, des expéditions sur le territoire ennemi. Écoutons le partisan avoué de ce système, M. Vivien : « La nuit, les agens de sûreté se répandent dans les rues, et par petits groupes, bien armés, bien résolus, ils parcourent les lieux les plus déserts, les plus propres à tenter l’audace des malfaiteurs ; ils se glissent dans l’ombre, sans bruit, se blottissent le long des maisons, arrêtent l’individu qu’ils trouvent porteur de paquets suspects, ou même embarrassé dans sa contenance, et jugent, d’après ses réponses, s’ils doivent lui laisser continuer sa marche, le reconduire au domicile qu’il s’est donné, ou le conduire en lieu sûr. La garde municipale leur prête assistance pour ces courses nocturnes, et des patrouilles, où les pas n’ont point de bruit et les uniformes point d’éclat, saisissent aussi et les individus prêts à commettre un crime, et ceux qui emportent dans les ténèbres les produits du crime déjà commis. »

Ainsi la surveillance de la police française est ambulante, et la patrouille en est le type vrai. À Londres, à Liverpool, et dans les autres villes de la Grande-Bretagne, la surveillance est stationnaire et à poste fixe, système qui paraît tout à la fois, exiger des forces moindres et avoir plus d’efficacité.

La police de Liverpool se compose, comme je l’ai dit, d’environ 600 hommes, dont les mouvemens sont dirigés par un constable chef (head constable) ou surintendant. Cette force doit suffire à des attributions très étendues. Elle se partage naturellement en deux services, le service civil et le service criminel. Le premier comprend la brigade des firemen, ou préposés aux incendies, institution analogue à celle de nos sapeurs-pompiers, et les inspecteurs des marchés, de l’éclairage, ainsi que de la voirie ; la seconde renferme les agens préposés à la sûreté publique, les gardes de jour (day watchmen) et les gardes de nuit (night watchmen), environ 500 hommes, dont la moitié seulement sont sur pied à la fois.

Les agens de la police criminelle, les policemen proprement dits, observent une discipline toute militaire. Pour faciliter la surveil-