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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 août 1843.


L’Espagne n’est pas sans quelques agitations et quelques troubles. Des bandes de factieux ont tenté de s’emparer du pouvoir dans la province de Valence et dans la Catalogne. On ne peut pas dire que c’est là le dernier effort du parti d’Espartero. Les révoltés ne se soucient pas plus de la régence que de la royauté. Les uns ne cherchent que le tumulte et l’émeute, les autres rêvent une république espagnole. Si on y ajoute ces hommes rétrogrades qu’exalte l’esprit municipal, et qui ne sont certes pas les moins aveugles et les moins fanatiques, on devra s’étonner et se féliciter à la fois du petit nombre et de la faiblesse de ces coupables tentatives.

Il n’est pas moins vrai que ces désordres, qui seraient sans importance pour un gouvernement solidement établi, ont une gravité relative pour une administration provisoire, nécessairement timide, embarrassée, régulière par ses tendances, révolutionnaire par son origine et ses nécessités. Elle existe, mais c’est d’elle qu’on pourrait dire prolem sine matre creatam, elle existe, mais elle sait qu’elle ne peut avoir qu’une existence éphémère ; elle n’a ni un principe à elle, ni des conditions de vie, ni un avenir ; elle n’est là que pour attendre les cortès ; elle disparaîtra le jour où la reine et les cortès, dans la plénitude de leurs pouvoirs, apparaîtront à l’horizon politique de l’Espagne. Les mêmes hommes pourront sans doute tenir, par le choix de la couronne, les rênes de l’état, mais le gouvernement actuel faisant fonctions de ministère et de régence ne sera plus. Heureusement, car quelque habiles