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tant au cours réduit de la bourse une valeur réelle de 
191,186,715 flor.
2o Ancienne dette, dont les intérêts, réduits de moitié par la loi de 1811, s’élevaient à 15,200,000 fl. valeur courante. Capitalisée à raison de 5 pour 100, cette dernière somme représentait une dette réelle en capital de 
85,633,800
3o Dernier emprunt contracté après la paix, converti en 5 pour 100 
22,000,000
298,820,515 flor.
ou 722,933,339 francs en capital, et en intérêts exigibles 5,381,690 florins seulement, environ 14 millions de francs.

Ces chiffres, nous le répétons, expriment non pas la valeur nominale de la dette autrichienne en 1816, mais sa valeur commerciale, suivant le cours de la bourse. Quelques financiers, parmi lesquels se range M. de Tegoborski, blâment le conseil aulique de n’avoir pas profité de la dépréciation des effets publics pour brusquer une liquidation. Une somme de 14 à 15 millions par an, disent-ils, intérêts et amortissement compris, aurait suffi pour l’extinction totale de la dette au bout de trente ans. Si l’on en eût agi ainsi, la situation financière de l’Autriche serait présentement sans égale dans le monde. Pour justifier cette proposition immorale, on disait que les effets dépréciés avaient cent fois changé de main avant d’arriver dans celles des derniers détenteurs qui les avaient reçus aux plus vils prix, que le sacrifice fait pour relever ces valeurs devait profiter seulement aux agioteurs, sans avantage pour les victimes dignes d’intérêt. Il était vrai, et pourtant c’eût été une spéculation déshonorante que de racheter à bas prix des créances, après les avoir avilies par des banqueroutes successives. Le gouvernement autrichien ne se résigna pas à cette flétrissure. Après avoir proclamé le désir de réparer, autant que possible, les désastres du passé, il entama une série d’opérations concertées dans le but d’atténuer les pertes subies par les créanciers de la nation.

Les fluctuations perfides du papier-monnaie avaient vicié le système monétaire. On préluda aux réformes en consacrant pour monnaie de compte le florin, vingtième partie en argent d’un marc de Cologne (2 fr. 60 cent.). Il fut décrété ensuite que le papier-monnaie serait retiré de la circulation. À cet effet, on institua à Vienne une banque nationale, qui dut, aux termes de ses statuts, offrir aux détenteurs de ce papier divers moyens de placement avantageux,