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LES ÎLES FALKLAND.

et à la propriété de leurs citoyens, il avait donné l’ordre d’envoyer des vaisseaux aux îles Falkland pour protéger les navires de l’Union ; il ajoutait qu’il allait faire partir sans délai un ministre pour Buenos-Ayres avec la mission d’examiner la nature des prétentions qu’élevait la République Argentine à la souveraineté de cet archipel, et de poursuivre une enquête sur les circonstances de la saisie de la Henriette et des deux autres schooners. En effet, M. Francis Baylies du Massachussets fut nommé, au commencement de l’année suivante, chargé d’affaires des États-Unis à Buenos-Ayres.

Cependant la question s’était compliquée dans l’intervalle. Le Lexington avait quitté le Rio de la Plata malgré les réclamations du gouvernement argentin, et avait jeté l’ancre devant le Port-Louis le 31 décembre 1831. Des canots armés avaient aussitôt transporté à terre des soldats et des matelots. Les lieutenans de Vernet et les personnes les plus importantes de l’établissement avaient été arrêtés et envoyés prisonniers à bord du navire américain. Les canons de la place avaient été encloués, les armes et les munitions de guerre détruites ou mises hors d’état de servir ; enfin les peaux de phoques ainsi que les autres dépouilles des schooners capturés par Vernet avaient été retirées des magasins et chargées sur un navire américain pour être transportées aux États-Unis et remises à leurs légitimes possesseurs. En rentrant dans le Rio de la Plata, le capitaine du Lexington annonça, par une lettre au ministre des affaires étrangères de Buenos-Ayres, qu’il était prêt à relâcher les prisonniers retenus à son bord, si la république acceptait la responsabilité de leurs actes, qui étaient aussi ceux de Vernet. Le ministre lui répondit que, Vernet ayant été nommé gouverneur politique et militaire des Malvinas par les décrets du 10 juin 1829, lui et tous les individus placés sous ses ordres n’étaient justiciables que devant les autorités de la république. Après cette déclaration ambiguë, qui, donnée deux mois plus tôt, eut tranché bien des difficultés, les prisonniers furent relâchés. Cela se passait à la fin de février.

Quatre mois après, M. Baylies arriva à Buenos-Ayres, et aussitôt il ouvrit la négociation dont il était chargé par une note dans laquelle il contestait à la République Argentine le droit de régler la pêche et la navigation sur toutes les côtes de la Patagonie, de la Terre de Feu et des îles Falkland. Il réclamait la liberté de ces parages et de tout l’océan, ainsi que le droit de pêcher et de s’établir sur les côtes et dans les baies non occupées ; enfin il demandait une réparation et une indemnité pour les pertes et dommages éprouvés