Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 3.djvu/729

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


Séparateur



14 août 1843.


L’Espagne paraît vouloir donner un heureux démenti à ceux qui n’attendaient d’elle rien de logique et de régulier. Tout s’y développe jusqu’ici avec un esprit de suite et d’unité qui surprend et qui réjouit ceux qui lui veulent du bien.

Nous ne parlerons plus d’Espartero, qui n’a que trop réalisé nos justes prévisions à son égard. Puissent le calme et la prospérité faire bientôt oublier à l’Espagne les excès des ayacuchos.

Le ministère Lopez se trouvait dans une situation difficile : — une reine mineure, des cortès dissoutes, des élections à faire, des juntes révolutionnaires et victorieuses, une armée à satisfaire, le trésor vide et les finances tout-à-fait désorganisées par les coupables folies de Mendizabal. Il fallait un grand courage et une grande confiance dans le bon sens de la nation pour prendre en main le gouvernement en de pareilles circonstances ; il fallait une confiance qui honore également et le pays qui l’accorde et les hommes qui l’inspirent.

La première question était de savoir quel serait le point de départ, le principe de la nouvelle administration : se rattacherait-elle aux cortès dissoutes par Espartero, ou convoquerait-elle un parlement nouveau ? serait-elle le ministère d’une régence à nommer ou le ministère de la reine Isabelle ?

Ces questions n’étaient ni ne pouvaient être des questions de légalité. L’Espagne a fait une révolution, une révolution qui avait pour but de briser la régence. Qu’on approuve ou qu’on blâme ce mouvement, le fait n’est pas moins certain, et il est pleinement accompli. Jamais l’assentiment général ne s’est manifesté d’une manière plus rapide et plus énergique. Lorsque des