Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 3.djvu/665

Cette page a été validée par deux contributeurs.
659
POLITIQUE COMMERCIALE DE L’ANGLETERRE.

de nos dépenses ne peut plus être réduit, disait M. Huskisson, ne devons-nous pas chercher à parer au mal, en remaniant le système actuel de l’impôt, en en modifiant l’assiette et la distribution ? »

Examinant donc les deux branches les plus considérables du revenu, l’excise et les douanes, dont le produit formait plus des trois quarts des recettes du budget, M. Huskisson n’avait pas de peine à montrer combien l’exagération de ces impôts devait être funeste à l’industrie et au commerce, dont ils prélevaient les bénéfices les plus nets. Pour diminuer ces charges, pour relever l’industrie, il n’y avait plus qu’une mesure à essayer : frapper d’une taxe directe les revenus de la propriété. M. Huskisson la proposait hardiment, et réunissait à l’appui de son opinion les argumens les plus péremptoires que l’on ait jamais fait valoir en faveur de cette réforme des finances anglaises. « D’abord, disait-il, il n’y a pas de pays en Europe qui ait une portion aussi considérable de son budget pesant directement sur les revenus du travail et du capital employés à la production ; — secondement, il n’y a pas de pays égal en étendue à celui-ci, je pourrais même dire cinq fois plus vaste, qui compte une masse aussi considérable de revenus appartenant aux classes qui ne les emploient pas directement à la production ; — troisièmement aucun pays n’a une aussi grande partie de ses finances hypothéquées ; plus le fardeau de la dette est lourd, plus nous sommes intéressés à réaliser une mesure qui, sans être injuste à l’égard du propriétaire de l’hypothèque, diminuerait néanmoins pour nous les charges de la dette ; — quatrièmement enfin, dans aucun autre pays du monde, une partie aussi considérable de la classe qui n’est pas engagée dans la production ne dépense ses revenus à l’étranger. On me dira, je le sais, qu’en taxant leurs revenus, vous courez le risque de pousser les propriétaires à retirer aussi du pays leurs capitaux. Je réponds que sur cent non-résidens, quatre-vingt-dix-neuf n’ont pas ce pouvoir sur la source de leur revenu, et en outre que nous sommes aujourd’hui menacés par un danger bien plus alarmant, le danger de voir émigrer dans d’autres contrées, où un placement plus avantageux leur serait assuré, les capitaux de ce pays employés à la production. Si vous voulez prévenir ce péril, venez en aide à l’industrie[1]. »

  1. Speeches, t. III, p. 544-545. — Exposition of the state of the country.