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POÉSIE DU MOYEN-ÂGE.

LE ROMAN DE LA ROSE.


On l’a dit : rien n’est nouveau que ce qui est oublié. Cet axiome paradoxal devient plus vrai chaque jour. D’une part, la nouveauté se fait rare dans les conceptions de l’esprit ; de l’autre, l’étude retrouve, à chaque heure, dans les époques les plus obscures, dans les livres les moins lus, beaucoup d’opinions et de passions, de vérités et d’erreurs, dont notre époque voudrait revendiquer la découverte. Par ce double progrès de la stérilité des esprits et de l’étendue des connaissances, les richesses du présent diminuent, et la valeur du passé augmente, ou plutôt le passé tend sans cesse à effacer et absorber le présent. Il faut bien admettre cette compensation, tout insuffisante qu’elle est, et se consoler comme on peut de l’originalité douteuse de tant d’œuvres contemporaines, en rendant leur originalité véritable à d’anciennes productions ignorées ou méconnues de nos jours. Si, par malheur, tel livre qui se donne pour contenir le secret des choses révélé hier à son auteur est trop semblable à celui dont Lessing disait : Il y a dans cet ouvrage des choses neuves et des choses vraies, mais les choses neuves ne sont pas vraies et les choses