cupations souvent trop exclusives d’un marin et d’un ancien gouverneur des colonies ? Nous l’espérons.
À l’intérieur, tout sommeille. Paris n’est plus qu’un musée que les provinciaux viennent visiter pendant les vacances. Les ministres eux-mêmes se dispersent ; ils vont chercher du repos, des forces, et, dit-on, des idées aussi pour la session prochaine. Il serait sage, en effet, d’y penser de bonne heure. Si leurs projets avaient le temps de mûrir quelque peu avant d’arriver aux chambres, tout le monde s’en trouverait mieux, et en particulier le cabinet.
— MM. Michelet et Quinet viennent de recueillir et de publier les leçons qui avaient provoqué des démonstrations si passionnées dans l’enceinte du Collége de France[1]. On sait comment les deux professeurs ont été amenés à traiter le même sujet. « Cette alliance, disent-ils dans la préface, s’est faite d’abord à l’insu l’un de l’autre ; plus tard, ils se sont accordés pour se distribuer les questions principales que le sujet présentait. » M. Michelet a obéi, en parlant des jésuites, aux tendances bien connues de son esprit, il s’est placé au point de vue de l’abstraction et du symbole. Dans la querelle du jésuitisme et de l’Université, M. Michelet a vu une nouvelle phase de la lutte du machinisme et de l’organisme, du vrai et du faux moyen-âge. Par le mot machinisme, M. Michelet entend la tendance qui a poussé certaines associations religieuses, les jésuites et les templiers par exemple, à transformer en exercices mécaniques les libres opérations de l’esprit. M. Michelet a montré qu’en opposition à cette tendance stérile s’était toujours développée, au moyen-âge comme aux temps modernes, une tendance contraire qu’il appelle organisme, et qui n’est qu’une large application du spiritualisme chrétien. Au lieu de discuter le principe du jésuitisme, M. Quinet en a retracé l’histoire. Il a montré la société de Jésus tour à tour en lutte avec l’individu dans les Exercices spirituels de Loyola, avec la société politique dans l’ultramontanisme, avec les religions étrangères dans les missions, enfin aux prises avec l’esprit humain dans la philosophie, la science et la théologie. Il a cité l’exemple de l’Espagne et de l’Italie comme une preuve des funestes conséquences auxquelles mène la rigoureuse application des maximes de Loyola. M. Quinet s’est montré, comme M. Michelet, sincèrement attaché au spiritualisme. « Ni jésuitisme, ni voltairianisme, » dit-il en finissant. On peut s’assurer maintenant que rien n’était fondé dans les attaques passionnées qui ont accueilli les deux professeurs. Si on peut leur reprocher quelque chose, ce n’est pas assurément une tendance irréligieuse. En s’attaquant à MM. Michelet et Quinet, l’opinion ultrà-catholique avait mal choisi ses adversaires ; elle avait cru provoquer le doute, et c’est le spiritualisme qui lui a répondu.
- ↑ Des Jésuites, un vol. in-8o, chez Hachette.