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mond, trouva par la suite cette correspondance tout entière dans les archives de Venise. Qu’est-elle devenue ? Elle aurait, comme étude de l’homme, bien du prix. Devant rendre compte aux autres de ses impressions successives, M. de Maistre atteignit vite à toute la hauteur de ses pensées.

Plusieurs écrits imprimés viennent, au reste, suppléer à ce qui nous manque et nous mettre entre les mains le fil qui désormais ne cesse plus. M. de Maistre publia successivement vers cette époque :

1o  Des Lettres d’un Royaliste savoisien à ses Compatriotes. M. Raymond n’en indique que deux, mais j’ai eu sous les yeux la quatrième ; elles parurent, d’avril à juillet 1793.

2o  Un Discours à madame la marquise de C. (Costa) sur la vie et la mort de son fils Alexis-Louis-Eugène de Costa, lieutenant au corps des grenadiers royaux de sa majesté le roi de Sardaigne, mort, âgé de seize ans, à Turin, le 21 mai 1794, d’une blessure reçue, le 27 avril précédent, à l’attaque du Col-Ardent (Turin, 1794), avec cette épigraphe :

Frutto senil insu’l giovenil fiore.
(Tasse.)

C’est aussi en cette même année 94, que se publiait par les soins du comte Joseph, parrain et tuteur du livre, le charmant Voyage autour de ma Chambre de son aimable frère. Ces années de séjour à Lausanne, on le voit, furent fécondes.

3o  Jean-Claude Tétu, maire de Montagnole, district de Chambéry, à ses chers concitoyens les habitans du Mont-Blanc, salut et bon sens ! (Daté de Montagnole, le 10 août 1795.)

4o  Mémoire sur les prétendus Émigrés savoisiens, dédié à la nation française et à ses législateurs. (Daté du 15 juillet 1796.)

Cette année 96 est celle où parurent, à Neuchâtel d’abord, les Considérations sur la France, par lesquelles M. de Maistre entrait décidément dans la publicité européenne et devenait l’oracle éloquent d’une doctrine ; mais les écrits que je viens d’énumérer, et très différens des deux productions de jeunesse précédemment citées, restent la préface naturelle, l’introduction explicative et immédiate des Considérations. Il y aura intérêt à parcourir, à connaître par extraits ces pamphlets et brochures devenus très rares, et qui même, sans une bienveillance toute particulière qui est venue au-devant de mes désirs, me fussent sans doute demeurés introuvables et inconnus.