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TENDANCES COMMERCIALES DES ÉTATS-UNIS.

deux tiers par le pavillon américain, les remises appartenant aux opérations de fonds publics, doivent entrer pour quelque chose dans le calcul de cette balance, qui exigerait de nombreuses investigations pour arriver à un degré suffisant d’exactitude ; l’état des changes et les envois de numéraire à travers l’Atlantique suffisent cependant pour indiquer la situation réciproque des puissances commerçantes.

Depuis 1841, la Russie, le Portugal, la France, la Belgique, les États-Unis, l’union allemande, ont aggravé les impôts sur les produits étrangers. Si l’on étudie avec soin les changemens adoptés par la Grande-Bretagne, on verra que, pénétrée de l’idée du malaise qui afflige ses populations laborieuses, voyant le cercle se rétrécir autour d’elle, elle cherche à retenir quelque portion de son ancienne influence en diminuant le prix de la main-d’œuvre par l’allégement des droits sur les articles de consommation, et peut-être à engager les autres nations à des concessions libérales. C’est sur elle que le tarif des États-Unis pèse du plus grand poids. Elle a si long-temps, ou de droit ou de fait, voué à l’interdiction l’industrie des Américains, qu’elle s’étonne aujourd’hui du vide immense que la cessation de la demande produit dans ses ateliers. La France doit éprouver un dommage moins grand, car ses exportations en Amérique comprennent principalement des marchandises pour lesquelles la concurrence américaine n’est pas excitée au même degré.

Le temps nous apprendra quelles auront été les conséquences finales du tarif de 1842 ; quelques-unes peuvent être prévues dès ce moment, et chaque jour amène déjà à cet égard des révélations.

On ne peut cependant regarder que le dernier mot ait été dit aux États-Unis sur cette grande question. L’élection prochaine du président remettra en présence les deux partis politiques qui se disputent le pouvoir. L’un d’eux est favorable à un système de protection, seulement à l’égard de l’intérêt agricole, et s’il obtenait le succès, il se pourrait que les taxes actuelles subissent de grandes réductions. En attendant, des deux côtés, on discute les argumens opposés, et nous allons reproduire avec impartialité quelques-unes des raisons alléguées pour et contre.

Les partisans d’un tarif modéré sur les produits étrangers s’appuient sur l’exemple de l’Angleterre, où un système de haute protection pour la production nationale a produit d’un côté l’excès de la richesse pour les propriétaires et les manufacturiers, et de l’autre, le dernier degré de la pauvreté et de la misère pour les ouvriers et les journaliers. La surabondance du travail offert sous toutes les formes