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TENDANCES COMMERCIALES DES ÉTATS-UNIS.

dans cette phrase prononcée par M. Brougham devant le parlement assemblé : « Il vaut bien la peine que l’on subisse des pertes sur la première exportation, puisque par là on étouffe dans le berceau les manufactures naissantes des États-Unis, auxquelles la guerre a procuré l’existence contre l’ordre naturel des choses. »

Cependant l’esprit national croyait à l’importance de la protection que réclamait l’industrie américaine, et en 1816 la législation commença à être dirigée vers ce but. Le tarif de 1816 fut un pas dans cette voie, mais un pas timide encore et embarrassé, et n’obtenant les suffrages complets d’aucun des intéressés.

Les États-Unis avaient grandi, et leur puissance s’était développée avec leurs acquisitions nouvelles et les tentatives de mise en valeur d’un riche héritage inexploré. On commença, dès l’époque où nous sommes arrivés, à ressentir le poids de l’influence du sud-ouest et du nord-ouest dans les délibérations du congrès. L’agriculteur de ces contrées, dont la colonisation marchait rapidement, était soutenu par les habitans des vieux états du sud-est. Tous ensemble voulaient que la protection accordée à l’industrie manufacturière du nord-est ne fût que temporaire et décroissante, et tous les tarifs ont contenu des dispositions à cet effet ; par exemple le droit sur les étoffes de laine, porté à 25 pour 100 en juin 1816, devait être réduit à 20 pour 100 au mois de juin 1819.

Nous ne pouvons entrer ici dans des considérations sur chacun des articles de ce tarif de 1816, qui éprouva quelques modifications en 1818. Dans l’année 1824 eut lieu une révision des droits sur les articles manufacturés de coton et de laine. La Grande-Bretagne répondit à cette mesure en abaissant le droit d’entrée des laines brutes de 6 deniers st. à 1 denier, afin que ses fabriques pussent continuer leurs exportations. Les manufacturiers américains s’adressèrent en conséquence au congrès, et le résultat de leur réclamation fut le célèbre tarif de 1828, qui éleva considérablement les droits sur les articles de laine.

Une période de prospérité dans les finances américaines et l’extinction presque totale de la dette fédérale firent de nouveau examiner la question du revenu. Deux partis se formèrent : l’un du commerce libre, proposant l’abaissement à un taux égal et très bas de tous les droits sur les marchandises importées ; l’autre, admettant la réduction des droits sur tous les articles qui ne pouvaient être produits dans le pays, ni faire concurrence au travail américain, et demandant à maintenir le tarif sur le reste. Après une vive polémique,