Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 3.djvu/151

Cette page a été validée par deux contributeurs.
145
TENDANCES COMMERCIALES DES ÉTATS-UNIS.

pourvoir aux besoins les plus immédiats de l’existence ; le second point était de se procurer des moyens d’échange pour arriver aux aisances de la vie, et passer enfin aux jouissances de la richesse.

Les produits de la chasse, bientôt ceux de la pêche, les fourrures recueillies des mains des sauvages, la navigation, l’exploitation des forêts primitives, et quelques arts grossiers, les mirent à même de payer les articles qu’il leur fallait recevoir de la métropole. Tant que la Grande-Bretagne conserva la domination de ces précieuses colonies, elle mit ses soins les plus constans à traverser tout développement de travail industriel qui pût arriver à faire concurrence à la métropole ; mais il lui était difficile de comprimer l’esprit d’entreprise qui cherchait à briser ses entraves. Les tentatives se renouvelaient sans cesse pour remplacer par le produit domestique les articles de l’usage le plus journalier, ceux où la main-d’œuvre avait la moindre part, et dont la matière première se trouvait à portée. Dès la fin du XVIIe siècle, les colons cherchaient à tirer parti de la laine de leurs troupeaux, du chanvre et du lin dont la culture les occupait. Ils fabriquèrent d’abord pour leur propre consommation quelques draps de l’espèce la plus grossière. L’Angleterre s’en émut bien vite, et un acte du parlement de 1699 défendit d’embarquer dans aucun port des plantations d’Amérique, et à quelque destination que ce fût, de la laine recueillie, filée ou manufacturée dans ces colonies. Vingt ans plus tard, en 1719, la chambre des communes proclamait que l’établissement de manufactures dans les colonies avait pour but de diminuer leur dépendance de la Grande-Bretagne, et la politique venait ainsi en aide aux prohibitions réclamées par l’intérêt particulier.

Un rapport demandé par la chambre des communes, et qui lui fut soumis en 1732, montre que, malgré le haut prix du travail manuel dans les colonies naissantes, la condition des manufactures américaines s’était sensiblement améliorée. La législation locale du Massachussets avait encouragé la fabrication du papier. La Pensylvanie, New-York, Connecticut et Rhode-Island trouvaient des ressources dans la culture des céréales et dans l’élève des bestiaux et des moutons. La laine, qui se trouvait sans débouchés et par conséquent sans valeur, avait réveillé la fabrication de draps ordinaires pour l’usage domestique. Le chanvre et le lin, également abondans, se transformaient en toiles grossières, en sacs, sangles, cordes, d’un meilleur service que les mêmes objets tirés de l’étranger. Des cuirs, du fer à la vérité inférieur à celui de la métropole, trouvaient, avec