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mites actuelles furent enfin fixées en 1821 par la réunion des Florides. La division de ces états nouveaux résulte des conditions sociales qu’ils ont reconnues.

La région du nord-ouest, qui n’admet pas l’esclavage, se compose des quatre états suivans : Ohio, Indiana, Illinois, Michigan, et des deux territoires de Wisconsin et de Jowa. Là se portent incessamment les cultivateurs qui abandonnent la vieille Europe, et qui, décidés à labourer eux-mêmes des champs acquis à bas prix, ont couvert de riches moissons et de nombreux troupeaux les terres vierges où ils sont venus chercher une nouvelle patrie.

La région du sud-ouest, à laquelle nous rattachons le golfe du Mexique, comprend sept états : le Kentucky, le Tenessee, l’Arkansas, le Missouri, la Louisiane, le Mississipi, l’Alabama, et le territoire des Florides. La culture du tabac, du coton, du sucre, y est aidée par la population esclave, transportée en grande partie des anciens états sur un sol dont la fertilité surpasse toutes les espérances que les hommes entreprenans qui ont peuplé ces contrées auraient osé concevoir.

Dans cette division naturelle des états de l’Union se trouve l’explication de leurs intérêts divers et des difficultés qu’on éprouve à les concilier. La politique est venue à son tour compliquer la question : le parti whig ou modéré est partisan du système manufacturier, et le parti radical réserve tous ses efforts pour la protection de l’agriculture et de ses produits. Pour apprécier leurs raisons, on ne peut mieux faire que d’examiner la route que les États-Unis ont parcourue jusqu’au moment où ils se sont assis au milieu des nations.

II.

Nulle histoire n’est plus digne d’intérêt que celle des hommes à qui est réservée la tâche de fonder des colonies nouvelles qui deviennent quelquefois des états considérables. Condamnés ordinairement sans retour à ne plus revoir la mère-patrie, ils ont une longue lutte à soutenir avant de recueillir quelque fruit de leur laborieux dévouement. Ils ont souvent peu d’aide à attendre du gouvernement de leur ancien pays, et, quand il s’occupe d’eux, c’est moins dans la vue de leur prospérité que dans la perspective des avantages qu’il peut lui-même en attendre. Les colons de la Nouvelle-Angleterre avaient, pour nécessité première, à demander à un sol rebelle les moyens de