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TENDANCES COMMERCIALES DES ÉTATS-UNIS.

D’assez grandes difficultés se révèlent au législateur quand les lois de la production ne sont pas homogènes dans le sein du pays qu’il est appelé à gouverner. Si le peuple, répandu sur un vaste territoire se trouve, par les mœurs, la situation sociale, les climats, les sols divers et le génie plus ou moins porté aux arts industriels, fractionné en grandes divisions ayant des intérêts opposés, le problème de conciliation n’aura jamais de solution définitive, et se reproduira sans cesse. Les fractions qui se croiront lésées resteront dans un état de sourde agitation vis-à-vis de cette loi de la majorité numérique, souvent imperceptible, qui clôt les délibérations de tous les gouvernemens représentatifs. Telle est au vrai la situation particulière des États-Unis.

Le contrat politique qui a fait un tout des divers états de l’Union a respecté chez chacun d’eux une indépendance trop grande pour qu’elle ne soit pas nuisible aux développemens d’une fusion complète. Le lien fédéral ne possède pas une force coërcitive assez puissante pour que toutes les résolutions ne se trouvent pas affaiblies par la crainte de conduire la discussion jusque sur les limites de la menace de séparation. Si l’on se reporte aux origines diverses de ce peuple nouveau, aux causes qui ont favorisé son rapide accroissement, aux influences qu’exercent des situations sociales modifiées de diverses manières, on se rend compte sans peine des intérêts croisés qui entretiennent les divisions.

Considérée géographiquement, cette grande région des États-Unis offre le développement d’un littoral maritime immense sur l’Océan Atlantique à l’est, et le golfe du Mexique au sud. Au nord, les possessions anglaises, dans la ligne du Saint-Laurent et des lacs, bordent ce territoire, qui, prolongé à l’ouest, atteindrait l’Océan Pacifique. Au sud-ouest, le Mexique et le Texas achèvent de le limiter. Une partie de cette vaste étendue n’est encore possédée que nominalement par l’Union américaine ; elle doit servir, à mesure que se développera la population, de théâtre à l’esprit d’entreprise des générations qui se succéderont : c’est le pays reculé de l’ouest, au-delà des Montagnes Rocheuses. Il a fourni un asile, en attendant que la civilisation l’envahisse, aux débris des tribus sauvages que, depuis la fondation des colonies, l’Européen a constamment refoulées devant lui.

La partie virile de l’Union se compose aujourd’hui de vingt-six états membres de la confédération et votant au congrès, de trois territoires que leur population encore trop faible n’a pu élever au