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ciations du député de Séville. Ce n’est là, du reste, qu’une solution provisoire qui ne lève aucune des difficultés du présent et de l’avenir. Le sénat a voté son projet d’adresse au milieu de l’indifférence publique. Les pensionnaires de l’Angleterre feront de vains efforts pour persuader à ce grand pays que son indépendance est menacée par la France. Cela peut s’insinuer dans un paragraphe et s’imprimer dans des journaux ; mais le bon sens public n’accepte pas de telles imputations, qui retombent de tout leur poids sur leurs auteurs. Ce n’est pas la première fois qu’on affecte la pruderie pour cacher sa corruption.

Il est une question non moins sujette que celle d’Espagne aux alternatives les plus contraires et aux vicissitudes les plus soudaines : on comprend assez que nous voulons parler de celle de l’Algérie. Elle occupera la chambre sitôt après la loi des sucres, car la commission du budget s’est déclarée dans l’impossibilité de terminer son travail avant qu’un parti ait été pris sur ce grave intérêt national. Les nouvelles qui circulent depuis trois jours ont porté une sorte de découragement dans le monde politique. On s’épouvante de cette guerre dont les limites reculent sans cesse, de ces réapparitions soudaines d’un ennemi mille fois vaincu, et si l’on est disposé à faciliter au gouverneur de l’Algérie l’achèvement de la campagne aujourd’hui commencée, c’est sous la condition expresse que cette campagne marquera enfin le terme d’un système aussi rigoureux dans ses moyens que stérile dans ses résultats définitifs. L’idée d’un gouvernement civil fait de grands progrès dans la chambre et dans l’opinion, et les prochains débats ne peuvent manquer de la développer.


La Revue venait à peine de signaler l’intolérance et les empiétemens du parti ultrà-religieux, que déjà devant les chambres on parlait de la liberté de conscience, et que cette liberté était discutée dans les écoles. À propos d’un acte du gouvernement, des hommes dont l’opinion a une grande influence sur l’esprit public ont élevé la voix en faveur des protestans. Nommer M. le duc de Broglie, M. de Gasparin, M. Delessert, c’est montrer l’importance de la question, car le désir seul de prévenir de plus sérieuses difficultés a pu porter des hommes aussi considérables à donner ce premier avertissement. Le gouvernement, qui a reçu d’eux tant de gages d’affection et de dévouement, entendra leurs vœux. Si, après un débat approfondi, la chambre des pairs a passé à l’ordre du jour sur la pétition du consistoire protestant, c’est qu’elle a cru le ministère suffisamment averti. La discussion, au surplus, doit bientôt se reproduire devant la chambre des députés.

Dans les écoles, devant un auditoire plus jeune, le débat s’est animé davantage. Le parti ultramontain n’aura pas à se féliciter d’avoir attaqué des hommes de talent et de courage, connus pour leur modération, et qui n’avaient jamais cessé de répandre les idées morales dans leur enseignement. Pourquoi contraindre M. Ampère, M. Philarète Chasles, M. Michelet, M. Quinet, à