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la compagnie du nord-ouest, et ses postes les plus avancés furent portés jusqu’au voisinage des Montagnes Rocheuses.

Tandis que les sujets de la Grande-Bretagne faisaient ainsi de rapides progrès vers l’occupation de ces solitudes, les États-Unis étaient sortis des embarras de tout genre suscités par l’établissement du gouvernement fédéral. La politique et la prospérité du pays réclamaient de nouvelles voies commerciales. La cession de la Louisiane par la France avait livré aux pionniers américains les riches vallées du Mississipi et du Missouri ; mais le cours supérieur de ces deux fleuves, le pays qu’ils traversent, étaient inconnus. On ignorait complètement la topographie et la valeur de l’immense territoire qui séparait de la mer Pacifique les anciennes colonies anglaises. C’est alors que le congrès ordonna l’expédition de Lewis et Clarke. Jefferson, qui était alors président, en avait le premier conçu le projet ; il en dressa le plan et rédigea les instructions remises à ces courageux explorateurs. Ils devaient remonter le Missouri jusqu’à sa source dans les Montagnes Rocheuses, traverser cette chaîne, rechercher les sources et les affluens de la Columbia, et explorer le cours de cette rivière jusqu’à son embouchure. Cette mission fut remplie avec beaucoup de zèle et d’intrépidité par Lewis et Clarke. Leur journal de voyage, publié par les soins de Jefferson, renferme les renseignemens les plus curieux et les plus précis sur la géographie, les mœurs des tribus indiennes, les animaux, les plantes et les minéraux de ces contrées. Ils passèrent les Montagnes Rocheuses au commencement d’octobre 1805, descendirent dans des canots jusqu’à sa jonction la rivière Lewis, qui est une des branches les plus considérables de la Columbia, et suivirent le cours principal jusqu’à son embouchure, qu’ils atteignirent le 14 novembre. Ils élevèrent des cabanes sur le bord de la mer et sur la rive méridionale de la Columbia, et construisirent une espèce de fort pour se prémunir contre les agressions des Indiens. Après avoir passé l’hiver à explorer le pays environnant et à faire des observations scientifiques, ils se remirent en route pour retourner dans les États-Unis au commencement du printemps.

Les faits recueillis par Lewis et Clarke sur l’abondance et la beauté des fourrures qu’on pouvait se procurer aisément dans les contrées avoisinant les Montagnes Rocheuses, et les avantages que l’on retirerait de comptoirs d’échange avec les Indiens, éveillèrent l’attention des Américains, qui se livraient à ce commerce. Les premières tentatives de ce côté furent faites par une société de marchands de