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LE TERRITOIRE DE L’OREGON.

mer Pacifique, à l’ouest des Montagnes Rocheuses, le territoire de l’Oregon, ainsi appelé du nom donné par les Indiens à la rivière Columbia. La surface de cette contrée ne présente, dans une étendue de trois cents lieues de long sur deux cents de large, qu’une suite de fertiles vallées interrompues par des collines qui s’élèvent comme des gradins successifs des bords de l’Océan jusqu’aux Montagnes Rocheuses. On y distingue pourtant deux chaînes de montagnes presque parallèles qui partagent le territoire de l’Oregon en trois régions à peu près égales en superficie, mais différentes par le climat, la nature du sol et les productions ; toutes trois sont coupées du nord au sud et de l’est à l’ouest par la Columbia, dont le cours large et profond, grossi de mille affluens, est le seul moyen de pénétrer du côté des États-Unis à travers cette contrée montagneuse, dans laquelle la main de l’homme n’a pas encore tracé les voies de communication que lui a refusées la nature.

Le caractère le plus remarquable de ce pays est la douceur et l’égalité de la température. Quoique sous la même latitude, on ne connaît pas dans le territoire de l’Oregon les hivers rigoureux et les chaleurs étouffantes de l’été, non plus que les brusques et capricieux changemens atmosphériques de la vallée du Mississipi et du littoral de l’Atlantique. Cet heureux climat ne peut être comparé qu’à celui de nos belles provinces de l’intérieur et du midi de la France. Dans la région du littoral, les étés sont secs, mais l’ardeur du soleil est modérée par les brises de mer ; en revanche, il y pleut sans interruption depuis le mois d’octobre jusqu’au mois d’avril. Presque avec la même température, les conditions atmosphériques de la seconde région sont bien différentes ; à mesure que l’on approche des Montagnes Rocheuses, les pluies diminuent et finissent par disparaître, si l’on peut parler de la sorte, car elles ne durent dans toute l’année que quelques jours, au commencement de l’automne et du printemps. Le froid s’y fait à peine sentir, et, même dans les parties les plus élevées, la neige fond en tombant. Néanmoins, grace à d’abondantes rosées, la terre est humide et toujours couverte de verdure, et des vents légers rafraîchissent l’air durant les plus grandes chaleurs de l’été. Ce n’est qu’au pied des Montagnes Rocheuses que le climat devient plus rigoureux et que tout semble se mettre en harmonie avec le caractère grave et sévère de cette chaîne qui doit sa naissance aux feux souterrains ; sur ce sol aride, les bois et les pâturages sont rares, médiocres, ce qui forme un contraste plein de tristesse avec la riche et plantureuse végétation des deux versans.