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LITTÉRATURE ANGLAISE.

vif des montagnes d’Écosse et de la mer qui bat ses côtes trempe admirablement la constitution d’homme et lui communique une remarquable énergie ; mais il suffit d’avoir vécu quelque temps au milieu de cette population active et vigilante, il suffit d’avoir vu les terribles orages de neige qui tourbillonnent sur les monts Grampiens, et d’avoir respiré l’air brumeux des lacs écossais, pour savoir à quoi s’en tenir sur la douceur et la chaleur du climat. Quelques lignes plus bas, le même écrivain se sert, pour caractériser son pays, d’une expression beaucoup plus juste, et qui le peint d’un seul trait : « C’est une latitude sobre, étrangère à l’abondance comme à la gaieté et à la richesse. » Cette sobriété même fait ressortir les autres caractères du paysage, grandeur, sublimité, mélancolie, mouvement. Toute la côte écossaise est dentelée d’une ceinture de baies profondes et de rochers bizarres qui forment autour de sa pointe péninsulaire un boulevart dessiné avec la variété la plus capricieuse ; autour de ce cilice hérissé de pointes de fer sont éparses de petites îles sans nom ; là s’ouvrent les cavernes basaltiques, là s’élèvent ces colonnades naturelles, cathédrales que Dieu a placées au sein des flots, et dont les mille pilastres rayonnent de tous les reflets du soleil et de l’océan. Le docteur James Wilson vient de publier un curieux voyage de circumnavigation autour de ces côtes.

Le 17 juin 1841, sir Thomas Dick Lauder, secrétaire du comité de pêcherie écossaise, s’embarqua à Greenock à bord de la Princesse royale, cutter que le gouvernement a fait construire pour ce service particulier. Il avait pris à bord M. Wilson, célèbre par ses connaissances en histoire naturelle, et devenu l’historiographe de cette expédition pacifique. Nos voyageurs passent en revue Les Hébrides, Colonsay, Staffa, la cave de Fingal, Iona, fameuse par sa vieille abbaye et sa civilisation précoce, Kerrera, et ce rocher que les paysans nomment encore le rocher de la dame (Lady’s Rock). Vers le commencement du XVIe siècle, un seigneur de ces lieux sauvages, Lauchlan Catenach Maclean de Duart, épousa une fille du comte d’Argyll. Le ménage fut orageux ; deux fois la femme essaya d’assassiner le mari. Celui-ci la fit placer dans une barque et la conduisit jusqu’à ce rocher, que la marée basse laisse à sec et que recouvre la marée montante. Déjà entourée d’eau de toutes parts, elle allait être emportée par la lame, lorsque des pêcheurs, dont le canot passait à distance, entendirent ses cris, la sauvèrent et la ramenèrent chez son frère, sir John Campbell. Ce dernier s’introduisit la nuit chez le mari, qu’il assassina Toutes les légendes attachées à ces redoutables soli-