Prêt à demain éclore au pays du soleil.
Elle avait jusque-là très peu connu sa grace ;
Elle oubliait son heure et que l’enfance passe.
L’intérêt délicat qu’un regard étranger
Marquait pour les trésors de son front en danger
Éveilla dans son ame une aurore naissante :
Elle se comprit belle et fut reconnaissante.
Pour le mieux témoigner, en son charme innocent,
La jeune fille en elle empruntait à l’enfant ;
Ses visites bientôt n’auraient été complètes
Sans un bouquet pour moi de fraîches violettes,
Qu’elle m’allait cueillir, se jouant des hasards,
Jusque sous les boulets, aux glacis des remparts.
« Souvenir odorant, même après des années !
Violettes d’un jour, et que rien n’a fanées !
J’ai quitté le pays, j’ai traversé des mers ;
Ce doux parfum me suit parmi d’autres amers.
Toujours, lorsqu’en courant je me surprends encore
À contempler un front que son avril décore,
Un cou d’enfant rieuse élégamment penché,
Un nœud de tresse errante à peine rattaché,
Toujours l’idée en moi renaît pure et nouvelle :
Sur un front de quinze ans la chevelure est belle. »