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traits heureux, un fonds vulgaire de pensées, une grande inexpérience des ressources de la langue, un ton déclamatoire, une phraséologie banale empruntée à la mode du jour, des sentimens factices et superficiels pris à la masse commune des idées littéraires, philosophiques ou politiques courantes, des placages mal joints de choses apprises de la veille, mêlées aux souvenirs d’anciennes lectures ; enfin, dans l’ensemble, une confiance qui s’appelle de la hardiesse lorsqu’elle est justifiée par le résultat, mais se réduit, dans le cas contraire, à de la présomption.

La donnée générale de M. Papety était heureuse ; elle offrait à l’artiste, comme nous l’avons dit, des motifs très variés, un thème très riche en développemens de style, d’expressions, de couleur, d’arrangement pittoresque. Voyons ce qu’il a su en tirer. Comme aspect général, cette peinture provoque le regard par la prédominance des tons clairs, mais ces tons sont en général mats et crus, plutôt que vifs et forts ; ils manquent surtout de souplesse et d’harmonie. Sans précisément papilloter, ce tableau n’a pas l’unité d’effet qu’une meilleure entente de la distribution de la lumière lui eût donnée. Aussi l’impression première sur l’œil est celle de la surprise, bien plus que du plaisir. Nous n’insisterons pas sur ces défauts qui sont relativement de peu d’importance. L’ordonnance générale du tableau, c’est-à-dire la disposition des groupes et figures, a une certaine apparence de coordination qui serait assez satisfaisante, si l’on ne s’apercevait bientôt qu’elle n’est que dans les lignes et non dans l’esprit du sujet. Les figures sont groupées matériellement, mais isolées de fait ; la plupart posent pour leur propre compte, et n’ont d’autre liaison avec les autres que le rapport fortuit du voisinage. L’unité morale manque dans la composition comme l’unité matérielle dans la lumière et la couleur. Il n’est pas besoin, pour constituer cette unité, qu’il y ait entre les figures cette relation scénique absolument nécessaire dans la représentation d’une situation ou d’un fait réels, comme cela a toujours lieu au théâtre et le plus souvent en peinture ; il suffit d’une relation moins précise et tout idéale impliquée dans la communauté de sentimens et de pensées des personnages, communauté déterminée elle-même par le but général de leur réunion. Cette espèce d’unité est difficile à distinguer de l’autre, et plus difficile encore à réaliser. Elle se trouve parfaitement exprimée dans quelques-unes des fresques de Raphaël, au Vatican, particulièrement dans l’École d’Athènes et dans le Parnasse, compositions