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jour plus considérable. On peut se demander s’il est possible à une langue de remonter vers le passé, de se refaire et de se rajeunir. Ce serait, il faut l’avouer, un spectacle assez nouveau dans le monde. Jusqu’à présent, on ne peut qu’applaudir à l’esprit qui a inspiré ces tentatives et aux résultats obtenus.

De tout ce qu’on vient de lire doit résulter, ce me semble, un certain respect pour un peuple qui, avec si peu de ressources et en si peu d’années, a tant fait pour répandre et propager les bienfaits de l’instruction. Heureux si ce tableau fidèle contribuait à raviver les sympathies de la France pour un pays qui a droit aux sympathies de toutes les nations civilisées. La Grèce a allumé le flambeau des connaissances humaines dans l’antiquité, et l’a rallumé au XVe siècle. Toute l’Europe a été éclairée de cette lumière ; la Grèce seule était privée des rayons qu’elle répandait sur le monde ; aujourd’hui elle redemande un peu de ce qu’elle a tant donné. À défaut d’autre appui, du moins ne donnerons-nous pas l’encouragement de nos louanges à ce peuple qui aime la gloire ? Nous lui devons notre renaissance : refuserons-nous de saluer et d’aider la sienne ?


J.-J. Ampère.