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DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE EN GRÈCE.

habile directeur, le capitaine d’état-major français Pauzier, avait, déjà sous l’administration du président, c’est-à-dire dans un espace de trois ans, obtenu d’excellens résultats.

Mais ces écoles, tout-à-fait insuffisantes, furent entièrement désorganisées par suite de la pénurie publique née des évènemens de 1831, de telle sorte qu’à l’avénement du gouvernement royal on ne trouva qu’un petit nombre d’instituteurs, capables, il est vrai, mais dont le zèle était paralysé par la pauvreté. Nulle part il ne restait trace d’une école véritablement en activité.

Aussitôt après son arrivée en Grèce, au commencement de l’année 1833, le gouvernement royal établit en premier lieu une commission chargée de constater l’état de l’instruction publique et de proposer les améliorations nécessaires. Puis, après avoir consacré une somme considérable pour l’époque et pour les circonstances (50,000 drachmes)[1] à indemniser les instituteurs qui étaient restés fidèles à leurs honorables fonctions dans des conjonctures aussi difficiles, il ordonna que dorénavant, à l’exception d’un petit nombre d’individus qui s’étaient acquis, soit comme instituteurs, soit comme savans, une réputation incontestable, personne ne pourrait remplir les fonctions d’instituteur sans avoir passé un examen et obtenu un diplôme.

Le nouveau système d’instruction publique devait se composer d’une école supérieure, de gymnases, d’écoles helléniques et d’écoles communales ; mais il fallut songer avant tout à faire des instituteurs, et comme il se trouva que moins de sujets étaient propres à l’enseignement primaire qu’à l’enseignement supérieur, il fut d’abord urgent de former de bons instituteurs primaires. Le gouvernement se hâta d’y pourvoir en créant une école normale primaire, une des plus bienfaisantes institutions qu’il ait fondées. On créa en même temps, comme accessoire de cette école normale, une école primaire modèle, où les jeunes gens destinés à remplir les fonctions d’instituteurs durent s’exercer à la pratique de l’enseignement. Les professeurs de l’école normale primaire, présidés par son directeur, formèrent la commission d’examen, qui déploya une grande activité et se hâta d’appeler devant elle les instituteurs déjà existans. Tous ceux qui purent subir les examens avec tant soit peu de succès (trente environ) entrèrent immédiatement en fonctions, car il importait que le pays ne fût pas long-temps privé d’enseignement primaire. Toutefois on ne leur confia que la charge d’instituteur de troisième

  1. La drachme vaut un peu moins d’un franc, 18 sous environ.