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disent les physiologistes en parlant des organes, arrêt de développement.

Ainsi, homme fait au physique, le nègre n’est au moral qu’un enfant. De là cet amour du plaisir, cette horreur du travail, cette imprévoyance de l’avenir, cette tendance à employer la force brutale, ce respect involontaire qu’elle imprime. De là aussi cette cruauté irréfléchie qui le porte à tourmenter les êtres faibles, qui lui fait trouver un divertissement jusque dans les souffrances de ses camarades, et s’allie parfois avec une bonté toute naïve. Tous ces traits de caractère s’observent chez les enfans de la race blanche : chez eux, ils se modifient et s’effacent par les progrès de l’âge, par l’influence de l’éducation ; ils persistent chez le nègre pendant toute sa vie. Joignez à cela maintenant l’influence des besoins impérieux qu’amène l’âge de puberté, celle des passions brûlantes qu’ils font naître, mettez au service de ces instincts naturels la force et les organes d’un adulte, et rien ne vous surprendra plus dans cette nature du nègre, assemblage assez confus de bonnes et de mauvaises qualités, que les partisans des deux opinions contraires nous semblent avoir exagérées outre mesure chacun dans son sens.

Peut-on espérer de voir jamais le nègre sortir de cet état d’infériorité ? Un temps viendra-t-il où l’enfant devenu homme pourra marcher tête levée et traiter d’égal à égal avec le blanc ? Cette régénération nous semble fort douteuse partout ; elle est impossible aux États-Unis, dans les colonies. Les caractères de race sont quelque chose de stable et qui se perpétue, qui tend plutôt à déchoir qu’à se perfectionner. Voyez ce qui se passe chez ces animaux domestiques que nous modifions pour ainsi dire au gré de nos désirs ? Pour en améliorer le type sauvage, pour amener leur corps et leur intelligence au plus haut point de perfection qu’ils puissent atteindre, nous sommes obligés d’apporter un soin minutieux dans le choix des individus destinés à propager l’espèce, de condamner les autres au célibat. De plus nous renouvelons à chaque instant leur sang appauvri par des croisemens appropriés. L’oubli de ces précautions amène en peu de temps une dégradation inévitable. Eh bien ! malgré son intelligence supérieure, malgré cette ame dont il est fier à si juste titre, l’homme est soumis aux mêmes lois. L’abâtardissement de la grandesse espagnole suffirait pour le prouver, alors même qu’on manquerait d’autres exemples. Si donc nous voulions sérieusement améliorer une race humaine, il faudrait avoir recours aux deux moyens que nous venons de signaler. Or, le premier est évidemment im-