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ancêtres, voient avec indifférence l’archéologue européen fouiller ces antiques tombes et en retirer des ossemens humains, des haches, des pointes de flèches en pierre dure. — Ce ne sont point les os de nos pères, — disent-ils. Et en effet la forme des crânes annonce une race toute différente des Caraïbes qui habitent aujourd’hui ces contrées, et semble plutôt offrir quelques ressemblances avec celle des têtes appartenant à la race péruvienne.

Le botaniste et l’agriculteur trouvent en Floride trois espèces de terrains caractérisés par leurs productions végétales. Les sapinières, dont le sol, presque toujours sablonneux, est le plus souvent stérile, fournissent seulement des pins excellens comme bois de construction. Puis viennent les savanes et les marécages. Les premières forment d’immenses prairies dont l’herbe élevée de quatre à cinq pieds ondule comme une mer sous le souffle du vent, tandis que quelques bouquets d’arbres élèvent leurs têtes verdoyantes au-dessus de ces graminées, et, comme autant de petites îles, reposent l’œil fatigué par la monotonie du paysage. Les marécages occupent à eux seuls plus de la moitié de la province. De leur vase croupissante sortent de longues cannes, des joncs, des roseaux gigantesques ; leurs flaques d’eau se cachent sous les feuilles vertes et les larges fleurs des nymphœa et des nénuphars. À la surface des lacs qui occupent les bas-fonds, le vent pousse d’une rive à l’autre des îles flottantes de pistià stratiotes, plante aquatique assez semblable à notre laitue des jardins, mais dont les racines libres au milieu de l’eau savent trouver dans ce liquide une nourriture suffisante et n’ont pas besoin de s’enfoncer dans la vase. Plusieurs espèces d’arbres de haute futaie ombragent ces terrains sans cesse submergés. Ce sont des frênes, des ormeaux, des lauriers, des chênes aux glands doux et savoureux comme nos châtaignes. Au-dessous d’eux tous, le cyprès distique élève son tronc droit et lisse, semblable à une colonne de cent pieds de haut, de huit et dix pieds de diamètre, que couronne un large dais de feuilles délicates, tandis que de nombreuses protubérances, sortant de ses racines, forment autour de la base comme une enceinte de bornes à la tête d’un rouge vif.

Mais, pour voir la nature déployer toutes ses richesses végétales, il faut pénétrer dans un de ces hammocs, espèces d’oasis jetées au centre des forêts de pins ou des marécages, occupant quelquefois une grande étendue et bordant presque toujours le cours des rivières. Ici le limon déposé jadis par les eaux de la mer est devenu une terre dont rien n’égale l’inépuisable fécondité. Partout les cèdres, les gom-