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le premier choc du courant, à empêcher qu’il entre dans l’Atlantique avec une force irrésistible. Ces faits nous expliquent la différence de niveau que nous signalions tout à l’heure. Ils rendent également compte d’un autre phénomène très singulier observé dans la rivière de Saint-Jean, magnifique fleuve qui prend sa source vers l’extrémité méridionale de la presqu’île, la traverse en entier du sud au nord, et vient se jeter dans l’Océan Atlantique près des frontières de la Georgie. Les eaux de cette rivière, parfaitement douces à son embouchure, sont salées à une cinquantaine de lieues au-dessus, et le deviennent d’autant plus, qu’on remonte davantage. De plus, la force de son courant n’est pas constante dans les parties supérieures de son cours. Ce double résultat tient à l’élévation de niveau du golfe du Mexique, dont les eaux pénètrent par l’intermédiaire de marais et d’étangs jusqu’au centre de la presqu’île. C’est au milieu de ces flaques d’eau salée que se forme peu à peu la rivière de Saint-Jean. Ce fleuve prend littéralement sa source dans la mer. Il en résulte que ses eaux s’élèvent ou s’abaissent avec les marées, et qu’elles demeurent saumâtres jusqu’à ce que, des affluens nombreux et considérables venant à s’y mêler, elles perdent cette empreinte de leur origine.

Dans l’est de la Floride, la rivière de Saint-Jean sera pour les Américains une de ces grandes routes toutes tracées par où ils pénètrent, grace à la vapeur, jusqu’au centre des régions les plus sauvages. À l’ouest, l’Apalachicola leur offre les mêmes avantages. De plus, elle met la Floride en communication avec la Georgie. Deux rivières navigables bien au-delà de leur point de jonction, la Chattaoutchi et la Flint, lui donnent naissance, et forment par leur réunion un des plus puissans cours d’eau de ces contrées. Aussi, le génie du commerce et de l’industrie a-t-il pris un rapide essor dans la Floride centrale depuis que les armes du général Jackson ont permis aux blancs de s’y hasarder sans trop de dangers. Plus de trente bateaux à vapeur battent aujourd’hui de leurs larges roues ces flots qui naguère n’étaient sillonnés que par le canot d’écorce et la pagaie de l’Indien. Mais, si la civilisation domine sur le cours du fleuve, la nature seule règne encore en souveraine sur ses rives inexplorées. Partout s’étendent de vastes forêts d’yeuses et de magnolias, qui, dans ces plaines humides, acquièrent des dimensions colossales. Les cannes et les hautes herbes couvrent le sol submergé. Du milieu d’elles, mille plantes grimpantes s’élancent vers le tronc des grands arbres, les enlacent de leurs replis et s’élèvent de branche en branche, tandis que