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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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15 février.


La discussion de l’adresse a eu pour résultat une sorte d’imbroglio parlementaire qui agite les partis et met le cabinet dans une position délicate. D’ordinaire, c’est dans les débats sur l’adresse que les partis mesurent leurs forces, que deux systèmes de gouvernement se trouvent aux prises, que la majorité confirme ou rompt son pacte avec le ministère. La question politique une fois vidée, il devient possible aux chambres de se consacrer sérieusement aux affaires du pays et de les discuter pour ce qu’elles sont, sans préoccupations étrangères au sujet de la discussion. Sans doute la question ministérielle est au fond de tout débat parlementaire ; épier toutes les occasions de renverser le cabinet, c’est le rôle de l’opposition, c’est son droit. Il n’est pas moins vrai que lorsque la question politique vient d’être débattue comme question spéciale, et que le cabinet, vivement attaqué, a été non moins vivement défendu par une majorité suffisante, une sorte de trêve tacite s’établit jusqu’à faits nouveaux entre les deux grandes fractions de la chambre ; l’opposition reconnaît que le renversement du cabinet pour le moment est impossible ; le ministère, rassuré et fort de l’adhésion des chambres, se préoccupe moins de ses propres affaires et songe davantage aux affaires du pays.

Tel n’a pas été le résultat du débat qui vient de se clore. Au fait, sur la question capitale, il n’y avait ni majorité ni minorité ; à quelques voix près, on était unanime. La question ministérielle, loin de se trouver impliquée dans le débat, en a été formellement écartée. Ce n’est donc pas une question vidée, mais une question ajournée ; tout le monde le reconnaît, tout le monde le dit. Toutes les interprétations officielles et ingénieuses viennent échouer