vante, il signe le traité d’extension du droit de visite et ne s’aperçoit qu’aux clameurs de l’opinion combien cette concession est inopportune et malhabile ; il y a peu de jours, il ne trouvait dans nos époques de gloire et de triomphe que des jeux du hasard et de la force ; dans la même discussion, il parlait froidement, et comme de chose parfaitement simple en soi, du mauvais vouloir que la France rencontre en Europe et des sacrifices à faire pour qu’elle y soit acceptée. C’est cette disposition générale et constante de l’esprit, j’ai presque dit du cœur, qui livre la personne et le nom de M. Guizot à de si vives agressions.
Tout ministre serait affaibli par les défiances qu’il soulève ; ces défiances sont surtout redoutables quand elles s’adressent à un ministre des affaires étrangères. Les dernières discussions l’ont prouvé : le pays entier s’inquiète de la direction donnée à ses relations avec les autres peuples ; il néglige presque la politique intérieure, tant les esprits sont attirés ailleurs ; tout est désormais sujet à doute et à contestation ; la parole du ministre est infirmée, ses négociations n’inspirent point confiance. Le traité du 20 novembre 1841, signé comme il l’a dit dans la seule vue de contrarier lord Palmerston, a prouvé aux chambres la nécessité de leur contrôle permanent sur tous ses actes, et en introduisant, peut-être outre mesure, les pouvoirs parlementaires dans les négociations diplomatiques, a créé des précédens qui pourront priver l’action de la France au dehors d’indépendance et de vigueur. M. Guizot lui-même est obligé de s’avouer les soupçons qu’il soulève ; aussi voyez avec quel soin il s’attachait l’autre jour à prouver que l’arrangement de la Syrie était éclos à Vienne et non à Londres. Je vais rassurer la chambre, disait-il deux jours auparavant en affirmant que l’Angleterre n’était pour rien dans je ne sais quelle autre négociation. Tout prend, sous son administration, une couleur suspecte ; dans ces dernières années, le discours de la couronne s’était borné, à plusieurs reprises, à mentionner, selon l’usage, la reine Isabelle seule, en parlant de l’Espagne, même quand la régence était amie de la France. Cette année, la même expression a soulevé des difficultés. M. Barrot a été amené à proposer d’introduire dans l’adresse non-seulement la reine, mais son gouvernement constitutionnel, et M. Guizot s’est vu contraint d’adhérer à cette proposition. Avec lui, toute concession est impossible ; elle sera toujours prise pour complaisance ou timidité, et par les ennemis du gouvernement pour trahison.
M. Guizot est d’ailleurs sujet, depuis le 29 octobre, à de fréquentes absences de mémoire qui le compromettent gravement à la tribune. Ses souvenirs sont confus et inexacts, ses affirmations les plus hautaines souvent contraires à la réalité des faits. J’en citerai quelques exemples. M. Thiers annonce à la chambre les conventions qui depuis ont été signées le 13 juillet 1841 ; M. Guizot nie leur existence. M. Billaut se plaint des aggravations apportées au droit de visite ; M. Guizot affirme que le nouveau traité n’en contient aucune. Le même député demande si l’on peut espérer la modification des traités de 31 et 33 ; M. Guizot annonce une négociation pendante. Enfin, il se félicite de-