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VAILLANCE.

À M. Paul P…

I.

Sur la côte de Bretagne, entre la ville de Saint-Brieuc et le village de Bignic, s’élève une espèce de manoir qu’on a de tout temps, dans le pays, décoré du nom de château, sans doute à cause de la tour crénelée qui écrase de sa sombre masse le reste de l’édifice. Le fait est qu’avant la révolution de 89, le Coät-d’Or était la demeure des seigneurs de l’endroit. Devenu propriété nationale, les hibous s’en emparèrent et y firent tranquillement leurs petits jusqu’en 1815, époque à laquelle la famille Legoff l’acheta et s’y vint installer. L’aspect en est lugubre, les abords en sont désolés. D’un côté l’Océan, de l’autre, à perte de vue, des champs d’ajoncs et de bruyères. Entre ces deux mers qu’il domine comme un promontoire, le château apparaît triste et solitaire, avec sa tour pareille à un phare.

Par un soir d’hiver de l’année 1836, les trois frères Legoff étaient réunis dans la chambre de rez-de-chaussée qui leur servait habituel-