Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 1.djvu/533

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


Séparateur



31 janvier 1843.


La question du droit de visite est encore la grande affaire du jour. Toute autre question politique semble s’effacer devant ce débat de droit international. La diplomatie s’est installée à la tribune et s’efforce d’en bannir les questions de politique intérieure. On pourrait s’en féliciter, si ce fait était la preuve que les questions de l’intérieur sont, aux yeux de tous les partis, définitivement résolues, et si on était assuré pour les questions diplomatiques d’une discussion sérieuse et mesurée. Il serait pénible de voir ces questions compliquées et délicates livrées aux emportemens de l’esprit de parti et aux hasards d’une improvisation téméraire. D’un côté, le droit public n’offre rien de plus difficile que les questions de droit maritime qui se rattachent aux traités de 1831 et 1833, car, pour peu qu’on pénètre au fond de ces questions, on rencontre deux maximes et deux pratiques diamétralement opposées et peut-être également excessives. D’un autre côté, ces débats, par leur nature, agitent tous les sentimens nationaux, enflamment les imaginations et raniment les souvenirs les plus irritans. Nous serions fâchés qu’il en fût autrement ; l’insensibilité, la froideur du pays, seraient un symptôme funeste ; tout est préférable à la léthargie nationale, à la mort de l’esprit public. Il n’est pas moins vrai que ceux qui, au fond, désirent autant que personne éloigner les conséquences possibles d’un ébranlement général des esprits, doivent sentir la nécessité d’apporter dans ces débats la mesure, la modération qui leur est en même temps commandée par la dignité nationale. Les criailleries et la colère n’appartiennent qu’aux faibles ; elles sont presque toujours une preuve d’impuissance.

La discussion de la chambre des pairs sur le droit de visite a rempli toutes les conditions désirables ; elle a été sérieuse et contenue. Nous arrivons trop tard pour entrer dans les détails de ce beau débat : le public les connaît de-