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grand chemin, dit M. de la Pilorgerie[1], et autres attaques à main armée étaient devenus si fréquens, que le gouvernement se vit obligé de recourir aux mesures les plus sévères pour garantir la sécurité publique. Le pays assura cette répression par des lois exceptionnelles et par l’établissement d’une police très étendue. On peut juger par un seul fait du degré auquel le mal était parvenu. Une dépêche du général Darling parle d’une rencontre entre les soldats de la police et une bande de quinze maraudeurs équipés jusqu’aux dents ; les premiers, après un vif engagement d’un quart d’heure, furent battus et obligés de se retirer en laissant sur le terrain deux hommes et cinq chevaux. »

La seconde période d’existence pour la colonie, la période d’émigration et de renaissance, commence à l’année 1820. Les progrès de cette infusion des travailleurs libres dans une agrégation de forçats et d’émancipés furent d’abord très lents. Le premier émigrant qui avait payé son passage arriva à Sydney en 1819. En 1825, le nombre des émigrans fut de 485, en 1826 de 903, en 1827 de 715, en 1828 de 1056, et en 1829 de 2016 ; en 1833, 13,000 colons libres vinrent se fixer dans la Nouvelle-Galles du sud, sur la rivière des Cygnes, ou dans la terre de Van-Diemen ; en 1836, 45,029 émigrans prirent terre dans la Nouvelle-Galles du sud. La même colonie avait reçu, de 1793 à 1836, 74,200 condamnés, et cependant sa population n’excédait pas alors 77,096 personnes : les deux cinquièmes du nombre total des émigrans avaient péri.

En décomposant les nombres bruts, on découvre que la réduction annuelle avait porté exclusivement sur la classe des condamnés. Sur 77,000 personnes qui formaient la population de la Nouvelles-Galles en 1836, on comptait 59,265 hommes libres et 27,831 condamnés. Dans la classe des hommes libres, nous rangeons 17,000 émancipés, ce qui ramène le chiffre de la population d’origine honnête à 42,000 personnes, et le chiffre de la population d’origine pénale à 44,000. Ainsi, la première n’avait perdu que 5 pour 100, pendant que la seconde éprouvait un déficit de 40 pour 100.

En 1836, la population des deux colonies de la Nouvelle-Galles et de Van-Diemen s’élevait à 120,000 habitans. Quelques années plus tard, le progrès était devenu plus sensible : le recensement opéré le 2 mars 1841, dans les seuls établissemens de la Nouvelle-Galles, a constaté l’existence de 130,856 colons, dont plus de 100,000 appar-

  1. Histoire de Botany-Bay.