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LES COLONIES PÉNALES DE L’ANGLETERRE.

aux instances des chambres, envoya dans la Nouvelle-Galles du sud un commissaire muni de pleins pouvoirs pour constater la situation morale et matérielle de la colonie.

Le rapport du commissaire, M. Bigge, qui fut publié en 1822, peut être considéré comme le recueil de toutes les infirmités qui affligeaient alors cet établissement naissant. Mais, après avoir étalé tant de misères, il ne conclut qu’à des remèdes de détail, à des palliatifs impuissans. Six ans plus tard (1828), un comité de la chambre des communes, chargé d’examiner l’état des crimes et de la répression, recommandait d’abolir la déportation à temps ; cependant il croyait encore à l’utilité de cette peine, quand elle devait s’étendre à la durée entière de la vie. Un troisième comité, qui avait reçu la mission de s’enquérir de l’efficacité des peines secondaires, fit un pas de plus en 1831 : il déclara que la déportation n’était point une peine suffisante pour effrayer les malfaiteurs, et conseilla de la combiner avec un séjour préalable dans les prisons de la métropole. C’était déjà pressentir les bases nécessaires de tout système répressif, qui doit pourvoir à la fois à la détention des condamnés et au placement des libérés. Enfin, le comité de la chambre des communes nommé, en 1837, sur la proposition de sir W. Molesworth, pour rechercher quels avaient été les effets de la déportation sur l’état moral de la société dans les colonies pénales de l’Australie, a formellement proposé l’abolition de ce système. Le rapport du comité, qui est l’œuvre de son président, sir W. Molesworth[1], renferme l’historique le plus complet et le plus judicieux des phases par lesquelles ont successivement passé les établissemens de la Nouvelle-Galles du sud et de la terre de Van-Diemen. On ne peut pas suivre un meilleur guide dans l’étude de cette grave question.

L’amendement des condamnés est un point de vue récent de la philosophie pénale. On se proposait, autrefois, d’intimider les malfaiteurs, ou de délivrer la société de leur présence ; mais on ne songeait pas à les corriger. Les châtimens n’avaient que ce but matériel et presque immédiat. L’Angleterre, en particulier, peuple naturellement disposé à l’émigration, déporta de bonne heure ses condamnés au-delà de l’Océan, ainsi qu’elle avait exporté ses pauvres et ses dissidens politiques ou religieux. La première forme de la déportation (transportation) fut l’exil pur et simple ; elle remonte aux règnes

  1. Report from the select committee of the house of commons on transportations, by sir W. Molesworth, baronnet, chairman of the committee ; London, 1838.