tique ; Bossuet, Fénelon, cartésiens véritables ; Locke, qui mérite aussi de devenir populaire par l’influence qu’ont eue ses idées sur la révolution philosophique du XVIIIe siècle. La philosophie aura de cette façon sa propagande à bon marché, et elle fera voir qu’elle aime à suivre les bons exemples. La traduction de Spinosa, que M. Saisset publie dans cette collection, n’est pas destinée à réhabiliter ses pernicieuses doctrines ; elle ne paraîtra qu’accompagnée d’une réfutation solide, et l’on espère que quand Spinosa sera entre les mains de tout le monde, on cessera de le citer à tout propos comme une autorité en faveur du panthéisme ; sa doctrine ne gagnera pas à être connue. La traduction des philosophes allemands se continue et ne tardera pas à être achevée. À la longue liste des ouvrages de Kant, traduits par M. Tissot, M. Trullart vient d’ajouter la Religion dans ses rapports avec la raison[1]. Kant y professe ouvertement la religion naturelle, et, ce qui en est la suite, l’indifférence des religions ; il distingue ce qui peut servir à la sanctification en rappelant l’homme par quelque symbole à la pensée de Dieu et à l’amour de la vertu, et les pratiques qui passent pour un moyen direct et formel d’obtenir des graces ou d’effacer une souillure, pratiques qu’il n’hésite pas alors à traiter de superstitions et de fétichisme. Ce qui reste de plus important à traduire, pour que nous ayons à peu près toutes les œuvres de Kant, se compose des Principes métaphysiques de la physique, de la Critique du jugement, qui contient la théorie du beau, et de ses deux grands ouvrages de morale, le Fondement de la métaphysique des mœurs et la Critique de la raison pratique. M. Tissot, au lieu de traduire ces deux ouvrages en entier, s’est borné à faire passer dans notre langue quelques analyses médiocres qui couraient en Allemagne. Heureusement, le second volume des leçons de M. Cousin doit contenir des extraits abondans de la Raison pratique, et M. Barni nous en promet la traduction pour une époque rapprochée. Schelling, Hegel, Fichte, sont restés en arrière ; les traducteurs ont commencé par Kant, et ils ont eu raison. Il y a long-temps que M. Barchou de Penhoen nous a donné la Destination de l’Homme, de Fichte, et voici enfin M. Grimblot, à qui nous devons déjà une excellente traduction du Système de l’idéalisme transcendental, de M. de Schelling, qui promet de nous donner les œuvres choisies de Fichte. Cette entreprise, qui mérite tant d’être encou-
- ↑ Chez Ladrange. — M. Lortet a publié à Lyon la traduction d’une analyse de cet ouvrage, attribuée en Allemagne à Kant lui-même.