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Italie, dans cette belle Italie du XVIe siècle, toute fraîche sortie des mains de Jules II et de Léon X ? Que lui reste-t-il à dire, lorsqu’il a dépeint ses auberges, décrit des réceptions, des cérémonies, et raconté que, dans je ne sais plus quelle ville, « ils nettoient les verres à tout (avec) une espoussette de poil emmanchée au bout d’un bâton ? » Voilà les observations dont est rempli le journal qu’a laissé une intelligence des plus fermes, des plus curieuses et des plus clairvoyantes, placée au milieu d’un peuple encore tout bouillant des passions et du génie qui ont donné à ce siècle un nom à part dans les annales de l’esprit humain. Je cherche l’homme et la vie dans ces peintures que nous laissent la plupart des voyageurs, je n’y trouve que le mannequin costumé et l’appareil extérieur de la vie. Chez M. de Stendhal, au contraire, tout va au fond, ce qui n’est que détail curieux et vain spectacle est supprimé. Le paysage lui-même, lorsque, l’auteur y a recours, n’est présenté qu’à cause de ses influences et pour expliquer l’ame de l’homme. La religion, les gouvernemens, toutes les circonstances qui entourent l’homme et le modifient, y jouent exactement le même rôle, et aucune n’est omise. Un tel mérite est fait pour racheter bien des bizarreries dont la plupart même sont cherchées en vue d’un effet détourné et railleur. Tout choque au premier abord dans M. Beyle, parce que rien n’est préparé, et que, pareil à la Galatée qui provoque et s’enfuit, il a mille petits artifices pour irriter la curiosité et éviter de se livrer sur-le-champ. Il faut avoir la clé de ses idées et s’être familiarisé avec ses allures pour savoir par où le prendre. Mais lorsqu’enfin on le saisit, encore bien qu’on s’accroche à plus d’un piquant, il plaît comme la robuste beauté de Galatée, il est dru, savoureux, et l’on ne regrette rien aux poursuites qu’il a coûtées.

Il a vu dans l’Italien l’homme qui marche le plus sûrement vers l’art d’être heureux ; dans le Français, il ne voit guère que l’homme qui se trompe le plus gaiement sur ce sujet capital. Le trait dominant du caractère Italien paraît être à ses yeux l’énergie et l’abandon sincère de la passion : « Ici, les gens ne passent point leur vie à juger leur bonheur. Mi piace, ou non mi piace, est la grande manière de décider de tout. » Dans sa manière rapide de raisonner, il vous dira : « De là le génie pour les arts, de là aussi l’absence de ridicule et, par suite, de comédie. » Le premier point va de lui-même, et, quant au second, chacun étant tout à sa passion, personne n’a le loisir de s’occuper de celle de son voisin, ni, dans aucun cas, l’envie d’en rire. En France au contraire, pays de vanité, l’opinion est tout ; on vit dans les