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DU
DROIT DE VISITE.

Au moment où les chambres vont s’occuper de nouveau, selon toute apparence, du droit de visite, il ne sera pas sans utilité de retracer ici les évènemens auxquels a donné lieu cette question, ceux surtout qui remontent aux temps de l’empire, déjà éloignés de nous. Ce récit, trop long pour la tribune, pourra servir à préparer et à éclairer la discussion.

C’est un principe fondamental du droit des gens que la mer est le domaine commun des nations, que nul ne peut en prétendre la domination exclusive. Ce principe n’est pas de pure convention ; il est fondé sur la nature des choses. La mer, placée entre les continens, est leur lien nécessaire, la seule voie par laquelle ils peuvent communiquer entre eux et échanger leurs produits ; elle renferme dans son sein des ressources inépuisables pour la nourriture des hommes. Or, aucune restriction à l’usage des biens que nous a départis la Providence ne peut être justifiée qu’autant qu’elle a pour but la conservation même de ces biens. Si la terre pouvait être commune, il faudrait qu’elle le fût ; mais si tôt que la population a acquis un certain développement, les produits spontanés du sol ne suffisent plus à la nourrir : la culture devient nécessaire, et avec la culture la pro-