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REVUE DES DEUX MONDES.

Quoi qu’en dise Héloïse et madame Cottin,
Dans un miroir d’auberge on n’est jamais jolie.

C’est mon avis qu’en somme un bas blanc bien tiré,
Sur une robe blanche un beau ruban moiré,
Et des ongles bien nets, sont le bonheur suprême :

Que dites-vous, madame, à ce raisonnement ?
Un point, à ce sujet, m’étonne seulement ;
C’est qu’on n’a pas le temps d’y penser quand on aime.

RONDEAU.

Fut-il jamais douceur de cœur pareille
À voir Manon dans mes bras sommeiller ?
Son front coquet parfume l’oreiller ;
Dans son beau sein j’entends son cœur qui veille.
Un songe passe et s’en vient l’égayer.

Ainsi s’endort une fleur d’églantier,
Dans son calice enfermant une abeille.
Moi je la berce ; un plus charmant métier
Fut-il jamais ?

Mais le jour vient, et l’aurore vermeille
Effeuille au vent son bouquet printanier.
Le peigne en main et la perle à l’oreille
À son miroir Manon court m’oublier.
Hélas ! l’amour sans lendemain ni veille
Fut-il jamais ?