Le ministère est sorti vainqueur de la grande bataille que l’opposition lui a livrée au Palais-Bourbon. Grace à la puissance de M. Guizot et aux fautes de ses ennemis, la victoire a dépassé les espérances du cabinet. Il lui reste maintenant d’en profiter, d’en assurer les résultats. Les plus habiles capitaines ont souvent manqué à la fortune au sein du triomphe. « Ce que nous désirons avant tout (disions-nous dans la dernière chronique), c’est une majorité incontestable ; c’est que la chambre brise ou consolide, sans équivoque, sans incertitude, son alliance avec le ministère. Qu’il ait pour lui trente voix au moins de majorité, ou qu’il succombe. Nos désirs étaient conformes aux intérêts du pays, qui a besoin avant tout d’administrateurs paisibles et confians, d’un ministère ayant devant lui quelques mois au moins de trêve, et pouvant ainsi songer à autre chose qu’à lui-même.
La chambre a donné au ministère cette majorité, une majorité suffisante, lors même qu’on déduirait du vote qu’il a obtenu quelques voix de l’extrême gauche, les suffrages de quelques pessimistes. Il n’est pas moins vrai qu’une opposition qui compte 200 suffrages dans une assemblée de 459 personnes est chose formidable. Quelque solide que paraisse le terrain du ministère, il n’est pas moins entouré d’un courant toujours menaçant, qui ne cesse de faire effort pour le ronger et l’emporter. Le déplacement de quelques personnes pourrait compromettre l’existence du cabinet. Dans cette situation, il ne suffit pas de se bien défendre. Il faut avancer, il faut tâcher d’élargir ses bases. Le succès doit être achevé par une conduite pleine de modération et de prudence. Rallier au lieu de repousser : là est le secret et la force de l’avenir. Ce qui serait ridicule à des vaincus convient à ceux qui