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SITUATION FINANCIÈRE DE LA FRANCE.

cinq mois de l’année. La chambre, nous le croyons, élèverait volontiers le crédit à 2 millions, dans l’espoir de faire participer 80,000 hommes à ces exercices et à l’instruction qu’en retirent les divers corps de l’armée. Chaque saison aurait ainsi ses travaux : pendant l’hiver, nos soldats se livreraient au maniement des armes et suivraient les écoles régimentaires ; les grandes manœuvres les occuperaient pendant l’été, et perpétueraient dans les régimens les traditions d’Austerlitz et de Wagram.

Les régimens ou les bataillons, que l’on ne réunirait pas dans les camps d’exercice, pourraient être employés utilement aux travaux publics. Ce serait là un moyen de diminuer la dépense de leur entretien, en l’imputant sur les fonds que doivent absorber les travaux extraordinaires, et de remédier à la hausse désordonnée que produira infailliblement, sans cela, dans le prix de la main-d’œuvre l’accumulation de tant d’entreprises menées de front. Que l’on déclare par exemple une ou deux lignes de chemins de fer lignes stratégiques, et que l’on charge le génie militaire de l’exécution ; il y occupera les soldats avec la même facilité qu’on trouve à les appliquer aux fortifications de Paris, et les dépenses de l’état diminueront ainsi, malgré l’accroissement de l’effectif, de 20 à 25 millions par année.

Pour ce qui est de la marine, il y a peu de chose à dire. Grace à l’insistance de la chambre, le gouvernement maintient un état d’armement qui rassure et qui suffit. On n’a plus à lui demander que d’imiter la prévoyance de l’Angleterre[1], et de travailler à l’accroissement progressif de notre matériel. Ce sera plus tard l’œuvre d’une législation plus favorable à la liberté commerciale de nous donner

  1. « Je puis donner à la chambre (des lords) l’assurance que, dans trois mois, il y aura trente vaisseaux de ligne environ prêts à mettre en mer : dix-huit sont dans la Medway, dix à Portsmouth et dix à Devonport. Neuf bâtimens sont en chantier, et l’on a donné l’ordre d’en construire huit de plus. Il y a, en outre, douze autres bâtimens de toutes classes qui doivent être bientôt équipés. Les bateaux à vapeur en construction sont au nombre de six ; cinq doivent être lancés cette année, deux ont dû subir quelques modifications ; il y en aura sept en tout. L’ordre a été donné d’en construire huit de plus dans divers chantiers. Cinq vaisseaux sont en construction ; l’année prochaine, on en commencera trois autres à Chatham. Ce sont les difficultés financières du pays qui ont empêché seules le gouvernement d’aller plus loin. Il y aura bientôt à Londres des établissemens pour tout ce qui concerne la navigation à la vapeur, analogues à ceux de Norwich, Portsmouth et Plymouth. L’Angleterre compte cette année quatre-vingt-seize bateaux à vapeur. Le gouvernement est décidé à faire tous ses efforts pour soutenir la puissance navale de l’Angleterre, dans le cas d’une guerre subite. » (Paroles du comte d’Haddington, séance du 24 février 1843.)