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LA RUSSIE.

II.[1]

MOSCOU.


Il n’y a pas plus de trente ans qu’un voyage de Pétersbourg à Moscou était encore une entreprise pénible et coûteuse à laquelle on ne se résignait pas sans de graves motifs. Entre les deux grandes villes de l’empire russe, il n’existait alors qu’un chemin pareil à ceux que rencontrent encore les voyageurs dans l’intérieur du pays, couvert, en certains endroits, de poutres transversales, ailleurs coupé par des flots de sable, par des ornières profondes. L’hiver seul, avec ses amas de neige, aplanissait les aspérités de cette route, que le dégel et la pluie rendaient impraticable. On mettait quinze jours, quelquefois trois semaines, à faire le trajet, et la voiture qu’on emmenait neuve n’était plus, lorsqu’on arrivait au dernier gîte, qu’un vieux débris à mettre sous le hangar. Aujourd’hui un magnifique chemin réunit la capitale des anciens tsars à celle de Pierre-le-Grand, l’antique berceau de la puissance russe au riant foyer de sa moderne civilisation. Onze diligences, une malle-poste, une innombrable quantité de chariots de transport, sillonnent chaque

  1. Voyez la livraison du 1er  décembre 1842.