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INAUGURATION DE LA WALHALLA.

nous plaignons les peuples qui, par la faute de leurs chefs ou par le vice de leurs institutions, font des travaux d’art, destinés à l’ornement d’un pays et à l’expression d’une époque, un moyen banal de rémunération pour la foule des médiocrités nécessiteuses et des talens subalternes. Il serait facile, d’ailleurs, d’exercer la critique, au sujet des noms et des portraits placés dans la Walhalla par le choix du monarque. Les tablettes d’immortalité de ce panthéon germanique offrent plus d’un nom que l’on est surpris d’y trouver, sans compter quelques autres que l’on peut regretter de n’y pas voir. Vous en ferez vous-même l’observation, à mesure que je déroulerai sous vos yeux ces listes glorieuses, et je n’aurai pas besoin d’ajouter à vos réflexions et encore moins de les prévenir.

Voici les noms inscrits, sur deux rangs, dans l’étage supérieur de l’édifice, à commencer par la face principale, celle qui répond au frontispice du temple :

Egbert Ier, roi d’Angleterre.

Charlemagne.

Éginhard.

Hermann, le vainqueur des Romains.

Marbod, le chef des Marcomans.

Velleda, la prophétesse, morte après l’an 65 de notre ère.

Le maître Guillaume de Cologne.

Hadrien de Busenberg, général allemand (1479).

P. Henlein, inventeur des montres, en 1142.

Raban Maur.

Arnolph, empereur des Romains, en 900.

Alfred-le-Grand, roi d’Angleterre, même siècle.

Par cette première liste, où les temps, les conditions, les rangs, sont confondus, vous voyez qu’aucune classification méthodique, aucun ordre chronologique n’a présidé à la rédaction de ces inscriptions. Le prince et l’artiste, le général et l’ouvrier, l’homme puissant et l’homme utile, s’y montrent à côté l’un de l’autre, sans aucun signe qui les distingue, et cette absence de système est pour ainsi dire tout le système de la décoration de la Walhalla. Il est bien évident qu’en offrant ainsi tous ces noms pêle-mêle à l’admiration et à la reconnaissance publiques, sans tenir compte des distinctions sociales, on a voulu montrer, unis et rapprochés dans la mémoire des hommes, ceux qui vécurent séparés dans le monde et dans l’histoire ; c’est bien là l’égalité, telle qu’elle doit exister en effet dans le temple de la Gloire, et l’on ne peut nier qu’il n’y ait de la grandeur dans cette manière de considérer l’humanité, surtout quand c’est au point de vue d’un prince appelé à régner sur elle.

Les personnages inscrits sur le mur du fond sont les suivans :