Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 32.djvu/809

Cette page a été validée par deux contributeurs.
805
ÉTUDES ADMINISTRATIVES.

magistrat qui la dirige, elle lui crée, après d’utiles et laborieux services, des titres incontestables à la reconnaissance publique.

À toutes les époques, une police politique a tenu le gouvernement au courant des menées de ses adversaires. Peut-être, dans les temps de passions violentes, ne trouvera-t-on ni agens ni crédits financiers affectés à cet objet ; mais la délation qui se donne par fanatisme n’est pas plus sincère que celle qui se vend par intérêt : souvent le dénonciateur qui se pique le plus de désintéressement recherche pour salaire les places, la faveur politique, la participation aux affaires publiques. Somme toute, si une police secrète est nécessaire, la moins mauvaise est encore celle dont les conditions sont débattues, et dont les agens, soumis à des devoirs clairement définis, peuvent être expulsés en cas d’infraction ; de tels instrumens, plus dociles, plus souples, plus faciles à contenir, sont moins dangereux pour la main qui s’en sert.

Le préfet de police est chargé à Paris de la police politique ; le ministre de l’intérieur la conserve dans ses attributions, et de leur action simultanée peuvent résulter des malentendus et des conflits. Il importe donc que le préfet possède toute la confiance du ministre, et qu’un concert loyal et sans arrière-pensée assure le succès de leurs efforts communs ; ce concert est d’autant plus nécessaire qu’il n’est pas une trame ourdie dans les départemens, redoutable ou fragile, grave ou légère, qui n’ait à Paris son centre ou au moins des ramifications. Ni le ministre ni le préfet ne sauraient demeurer étrangers à la police politique : le premier, appelé à embrasser toute la France de son regard, ne peut fermer les yeux sur Paris ; le second possède de tels moyens d’information et d’enquête, que le gouvernement perdrait, en se privant de son concours, les plus précieuses ressources. Cette nécessité admise, le ministre doit mesurer la part de son subordonné, et celui-ci ne jamais chercher à l’étendre ; la police politique n’est pas une attribution obligée de la préfecture de police, elle n’y est placée que par une délégation du ministre, qui a toujours le droit d’en fixer les conditions et l’importance.

Les auxiliaires du préfet, dans ses investigations politiques, sont de deux natures : ostensibles ou secrets. Dans un grand nombre de cas, pour la plupart des informations, les agens publics sont employés ; mais, pour pénétrer dans le sein même des partis, l’intervention d’agens secrets est indispensable.

Les agens secrets de la police politique, voués d’abord à d’autres habitudes, sortis des emplois ordinaires de la vie, ont été pour la