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DE L’UNION COMMERCIALE.

anglaises. L’union commerciale, au lieu d’inquiéter les manufacturiers français sur la possession du marché intérieur, aurait donc pour résultat de leur ouvrir sans réserve le marché de la Belgique ; ce serait à nous de le garder.

La houille forme une branche importante des échanges entre la Belgique et la France. En 1840, sur 12,906,600 kilogrammes de charbons étrangers importés en France, la Belgique en avait fourni 7,486,002 kilogrammes ; valeur, 11 millions de francs. Depuis cinq ans, malgré le développement qu’a pris chez nous la consommation de la houille, ce commerce est stationnaire ; il a même diminué de 500,000 kil. depuis 1838. Le terrain que l’importation belge a perdu, ce n’est pas la production intérieure qui l’a occupé ; car elle s’est réduite d’un million de kilogrammes, et de 31 millions de kilogrammes est descendue à 30 millions. Grace à une réduction considérable dans les droits établis à l’importation par mer, la houille anglaise s’empare de notre marché. En quatre années, les quantités introduites se sont élevées de 1,700,000 kil. à 3,800,000 kil.

Le droit de sortie, dont le gouvernement britannique a frappé les charbons minéraux, va rendre l’avantage aux houilles belges ; car la consommation de ce combustible ne peut guère s’accroître en France qu’aux dépens des charbons anglais. Quand on a réduit le droit de 33 cent. par 100 kil., qui grevait les houilles de Belgique, à 16 centimes et demi, la demande de ces produits n’a pas augmenté d’une manière appréciable, parce que l’on a diminué en même temps de 50 pour 100 le droit qui frappait les houilles d’Angleterre ; la suppression complète du droit sur la frontière belge, suppression qui serait la conséquence de l’union commerciale, laisserait donc probablement nos extracteurs de houille dans la même position où ils sont par rapport aux extracteurs du Hainaut. Le droit de 16 centimes et demi représente à peine 5 pour 100 du prix de la houille rendue à Paris ; ce droit retranché, les houilles françaises auront encore, sur les houilles belges, l’avantage d’une distance moindre à parcourir pour atteindre le principal centre de consommation.

La question des houilles est uniquement une question de transports. Si le prix vénal de cette marchandise devait être déterminé par les frais d’extraction, la France l’emporterait généralement sur la Belgique. Les houillères du département du Nord se trouvent seules placées dans des conditions semblables à celles des houillères belges, où les couches supérieures étant depuis long temps épuisées, le quintal métrique de charbon revient en moyenne, sur le carreau de la mine, à 1 franc. À Saint-Étienne, le prix de revient n’est que de 50 centimes. « Nos houillères, dit M. Corbisier, de Mons, dans l’enquête de 1840, sont dans un état complet d’anarchie depuis la révolution. Les ouvriers sont insubordonnés ; il en résulte une augmentation désordonnée dans le prix des salaires… » Écoutons encore M. Briavoine : « Autrefois, on ne comptait, par commune, que 12 centimes et demi de main-d’œuvre pour l’extraction de 100 kil. de houille. On compte 25 cent., aujourd’hui, sans que pour cela la situation des ouvriers soit devenue meilleure. Si les choses étaient ramenées à leur situation primitive, on trouverait que l’exploitant aurait autant