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HISTORIENS ESPAGNOLS.

ticle qu’en appelant l’attention sur un fait révélé par M. Ochoa dans son introduction au Tesoro de historiadores. Il existe à la Bibliothèque du roi, à Paris, un manuscrit en trois volumes in-folio, en espagnol, qui contient une histoire de la guerre de Catalogne plus complète que celle de Melo. D’après M. Ochoa, qui l’a parcourue, cette histoire doit avoir été écrite par un Catalan, témoin oculaire des évènemens et partisan déclaré de la domination française. Elle ne va pas tout-à-fait jusqu’à la fin de la guerre, puisqu’elle s’arrête en 1649, tandis que la prise de Barcelone est de 1652 ; mais c’est toujours huit ans de plus que Melo, et cette période est précisément celle où la France a pris la part la plus active à la lutte.

Il viendra certainement quelque jour où l’indication de M. Ochoa sera mise à profit. Les journaux viennent d’ailleurs de nous apprendre que M. Ochoa lui-même a été chargé par le gouvernement français de dresser le catalogue des manuscrits espagnols qui se trouvent à la Bibliothèque du roi. Grace à cet acte libéral de notre gouvernement, il pourra examiner de plus près le manuscrit qu’il a signalé. Qui sait même s’il n’aura pas le bonheur de faire quelque découverte semblable à celle de Capmany ? La longue obscurité qui a couvert les noms de Moncada et de Melo donne un large cours aux conjectures et aux espérances. Peut-être quelque chef-d’œuvre inconnu, comme l’Histoire du soulèvement de la Catalogne, n’attend-il que le moment où une main intelligente le tirera de son obscurité. Nous souhaitons de tout notre cœur cette bonne fortune à l’intelligent éditeur du Tesoro de historiadores. Quand même la France ne serait pas aussi directement intéressée à cette nouvelle rencontre qu’elle paraît l’être à celle dont nous venons de parler, elle s’applaudira toujours de ce qui pourra étendre le patrimoine de l’esprit humain, surtout quand il s’agit d’un peuple qui nous a long-temps précédés et qui nous suit aujourd’hui dans la route de la civilisation.


Léonce de Lavergne.