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CALLOT.

I.

Nancy est une ancienne ville qui sommeille nonchalamment, dans un doux et joli paysage, avec le songe de plus en plus effacé de ses splendides souvenirs. À voir Nancy et son paysage, ses chaumières qui se suspendent dans les touffes bocagères comme des nids d’oiseaux, ses vignes parsemées de cerisiers, l’ombre de ses grands bois, où le murmure de l’eau se perd dans le murmure du vent ; à voir de toutes parts cette nature coquette qui a recherché pour sa parure l’émeraude des prairies, le panache ondoyant des forêts, la rivière étincelante au soleil, l’étang et le ruisseau, le pampre bleuâtre à l’horizon, la petite roche moussue, la haie fleurie, les champs diaprés, enfin le ciel, qui, pour couronner tout cet heureux tableau, a des caprices charmans, on se souvient aussitôt que Claude Lorrain est né dans ce pays, mais on se demande si c’est bien là le berceau de Jacques Callot. La nature où nous respirons est aussi notre mère ; le plus souvent notre ame se forme à son image. Si nous sommes peintre ou poète, si Dieu nous a permis de reproduire son œuvre, c’est la nature du pays natal qui est notre première inspiration. L’ame de tout homme de génie est un miroir qu’il promène le long du chemin. On peut donc s’étonner de prime-abord de trouver le berceau et la