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REVUE LITTÉRAIRE.

MÉMOIRES DE BARÈRE.

Il y a dix-huit mois environ, Barère s’est doucement éteint dans la ville de Tarbes, sa patrie, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans ; il est mort obscur et paisible, comme tous ceux que le hasard a préservés des vengeances des temps de lutte, et que l’oubli protége dans la solitude de la vie privée. On a fait silence autour de sa tombe, car pour les contemporains cet homme du passé était depuis long-temps entré dans le domaine de l’histoire ; à peine si la presse quotidienne a songé à consacrer quelques lignes à ce mince épisode. Barère sur son lit de mort, c’était moins qu’une individualité, tout au plus un pâle souvenir de cet immense drame de 89, déjà si vieux ; il se serait agi d’un ancien conseiller au parlement sous la royauté absolue, ou d’un simple dignitaire de l’empire, comme nous en voyons mourir tous les jours, que le public n’eût pas été moins ému. Et cependant le vieillard de Tarbes avait joué un assez brillant rôle à la surface de la révolution ; il avait siégé autour du tapis vert de ce fameux comité de salut public qui a marqué son passage en lettres indélébiles dans nos annales, et qui conservera dans l’avenir le titre de grand, M. Berryer l’a dit lui-même dans une discussion solennelle, parce qu’il sauva l’unité française. Barère en a été, pendant une année féconde en