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De même qu’une banque peut faire accepter ses billets par le public, elle peut, si elle est libre dans son action, arriver facilement à équilibrer d’une manière assez constante, le montant de ses émissions et celui des effets de commerce en portefeuille. Pour cela elle n’a guère autre chose à faire que d’élever ou d’abaisser ses coupons. L’expérience prouve et la raison explique que des coupons trop élevés, n’étant pas en rapport avec les besoins les plus ordinaires de la circulation ne peuvent passer que dans un très petit nombre de mains, et doivent par conséquent revenir assez promptement à la caisse, lorsque les premiers porteurs ont besoin de les réaliser, tandis que les coupons plus faibles, étant à la portée d’un plus grand nombre, et pouvant s’adapter aux besoins de tous les jours, ont généralement une circulation plus générale, et plus longue. Pour étendre ses émissions, une banque n’a donc qu’à abaisser ses coupons, de même qu’elle peut les élever, si elle éprouve par hasard le désir ou le besoin de les restreindre.

Tels sont, à l’égard des banques, les seuls principes que la raison avoue et que l’expérience confirme. Quant aux règles de conduite que ces établissemens doivent s’imposer à eux-mêmes, en ce qui touche l’escompte et la circulation, elles se déduisent sans peine de la nature même de leurs fonctions et des lois générales du commerce. Elles sont d’ailleurs connues, ou, s’il restait sur certains points quelques doutes, ce qui précède les aura déjà dissipés.

Mais on a vu que les banques sont susceptibles de remplir d’autres fonctions, comme par exemple, celle de recevoir en dépôt l’argent des particuliers. Quoique ces fonctions soient moins importantes que les premières, qu’elles soient aussi plus faciles à définir et à comprendre, et que nous les ayons déjà presque suffisamment analysées en faisant l’historique des banques, on nous permettra de présenter encore quelques courtes observations sur ce sujet.

Nous avons dit que, pour les banques de dépôt, il y a plusieurs manières de procéder ; mais il n’y en a qu’une qui soit au niveau des progrès accomplis, et en rapport avec les vrais besoins des peuples : c’est celle qui est suivie par les banques d’Écosse. Elle consiste à recevoir tous les dépôts en argent qui se présentent, et à les faire servir aux opérations de la banque, comme si ces capitaux étaient les siens, à charge par elle de les restituer aussitôt qu’on le demande, et de payer, pour tout le temps de la jouissance, un intérêt plus ou moins élevé selon les temps.

En ceci, comme en tout le reste, les banques ne s’écartent que par la forme de la manière de faire des banquiers particuliers. Le fond reste invariablement le même. Par leurs escomptes et leurs émissions de billets, elles se sont rendues intermédiaires entre les négocians ; par la réception des dépôts, elles se rendent intermédiaires entre eux et les capitalistes. Seulement les banques publiques exercent cette nouvelle fonction comme les autres avec toute la supériorité qu’elles doivent à leur constitution. Tandis que les banquiers particuliers ne reçoivent de dépôts que d’un petit nombre d’hommes, par sommes assez rondes, à des conditions spéciales, presque toujours déterminées pour