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REVUE DES DEUX MONDES.

La situation commerciale de l’Angleterre ne semble point s’être améliorée. La misère fait toujours de grands ravages, et les ouvriers, dans plus d’un endroit, sont agités et mécontens. À Ridgrove, les ouvriers bien intentionnés n’ont pu travailler que sous la protection d’un détachement de grenadiers. C’est surtout chez les ouvriers des mines que le mécontentement a éclaté et que la querelle du taux des salaires paraissait s’envenimer. Faisons des vœux pour que ces désordres aient une prompte fin ; car, quelles que soient les forces morales et matérielles de l’Angleterre, ce n’est jamais sans danger que des habitudes de révolte et de violence se propagent dans des masses si formidables de population entièrement manufacturière, dans un pays de grande propriété. Les résultats du nouveau tarif ne tarderont pas à se montrer. L’expérience apprendra si réellement on avait le droit d’en attendre tous les effets que le cabinet s’en promettait, et l’expérience seule peut nous éclairer complètement sur des questions de cette nature. Lorsqu’on touche à un tarif, à un ensemble de faits si compliqués et si variés, il n’y a pas de sagacité humaine qui puisse prévoir d’une manière positive, certaine, toutes les conséquences que ces modifications peuvent entraîner. Il est un si grand nombre d’effets indirects, inattendus, qui viennent surprendre l’administrateur le plus habile, l’économiste le plus éclairé ! L’industrie et la spéculation sont si ingénieuses pour profiter des moindres inadvertances, pour s’ouvrir des passages imprévus à travers les sinuosités d’une nouvelle loi de douanes ! — Au reste, pour ce qui concerne la loi des céréales, l’année ayant été favorable aux agriculteurs, il est peu probable que le tarif mobile soit appliqué dans ses dernières limites. Il y a peu de jours, le droit d’importation était encore de 8  shell.


V. de Mars.