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LES VANLOO.

I.

La France n’est pas la mère-patrie de tous les artistes qui l’ont aimée et illustrée ; plus d’une lèvre étrangère est venue se suspendre avec ardeur à ses mamelles fécondes, plus d’un front banni est venu se réfugier à l’abri de son cœur généreux. La France était si bonne mère pour les enfans des arts, que tout étranger devenait Français en l’approchant. Lully, Watteau, Jean-Jacques, Grétry, venus de divers points, sont morts Français sur la terre de France. La Flandre surtout a laissé partir beaucoup de ses enfans. Avant Grétry et Watteau, le chef de la brillante famille des Vanloo avait dit adieu au ciel avare de la Hollande pour se faire naturaliser Français.

Il n’est rien dit de Jean Vanloo, le plus ancien des peintres connus sous ce nom. Il fut peintre, voilà tout ce qu’on en sait. Jacques Vanloo, son fils, est né à l’Écluse, en 1614. C’était le caractère d’un Français dans le corps d’un Flamand. Il perdit de bonne heure son père ; il étudia la peinture dans sa ville natale, sous un pauvre portraitiste qu’il prit bientôt en pitié. Son grand-père, d’une famille noble, était un marin intrépide qui fit d’abord fortune, mais qui fit ensuite naufrage. Malgré ce coup du sort, Jacques Vanloo ne voulut pas se résigner, comme son maître de l’Écluse, à devenir peintre ambulant de portraits à bon marché ; il emmena sa grand’mère et