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MŒURS ÉLECTORALES DE LA GRANDE-BRETAGNE.

laissant à la démocratie ses moyens d’attaque. Il se passera bien du temps encore avant que la grande propriété se laisse ainsi désarmer.

En résumé, l’usage de la corruption et de l’intimidation dans les élections est inhérent à la nature même des institutions anglaises, et est inséparable de la constitution actuelle de la propriété dans la Grande-Bretagne. Tant que la base du droit électoral ne reposera que sur une propriété fictive, l’indépendance des votes ne sera qu’un vain mot ; et tant que l’opinion publique ne secondera point la législation, toutes les lois répressives ne seront qu’une lettre morte. Le progrès naturel des mœurs pourra seul atténuer, sinon guérir, ce mal profond ; mais le bras de la loi ne pourra l’atteindre qu’en frappant du même coup la propriété, et en renouvelant entièrement la face du sol.


John Lemoinne.